D’abord parce que l’on peine à discerner les vrais enjeux d’une telle élection. La crise économique et sociale a encore accentué la distance déjà grande entre les décisions prises à Bruxelles ou Strasbourg et la vie quotidienne des Français.
Ensuite parce que le Parlement européen n’est pas un « vrai » parlement. Il est certes élu démocratiquement (c’est l’objet même de ces élections), et il vote bel et bien la loi européenne qui se décline ensuite nationalement, mais il n’a ni le pouvoir d’investir ni celui de renverser l’exécutif européen : la Commission. Celle-ci est nommée par les gouvernements des Etats-membres et agit en dehors d’un contrôle véritable du Parlement. C’est le cœur même de ce que l’on appelle le « déficit démocratique » européen.
Enfin parce que les partis politiques utilisent ces élections avant tout comme un test national. Qu’il s’agisse de soutenir ou de sanctionner le gouvernement et le Président de la République, ou bien de compter ses forces pour l’élection présidentielle à venir. Les débats nationaux font donc le plus souvent écran aux enjeux européens. Ce qui les rend d’autant plus difficiles à comprendre que le clivage droite-gauche, très tranché au plan national, est souvent moins prononcé au niveau européen, où l’exercice démocratique se déroule davantage sur le mode consensuel entre les diverses forces politiques en présence.
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Cette chronique inaugure une série quotidienne publiée dans Nice Matin jusqu’à l’élection du 7 juin.
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