Critique de “Outside Love” (2009) par Pink Mountaintops

Publié le 23 mai 2009 par Eddie

Outside Love

par Pink Mountaintops


Année : 2009
Label : Jagjaguwar
Stéréotypes : Pop-Rock, Indie Rock
Liens : MySpace

Je dois d’abord me décharger d’un poids. La pochette du disque. On dirait vraiment un bouquin d’une série rose des années 1980, posé sur un drap en soie du plus mauvais goût. Et quand “Axis: Thrones of Love” commence par “How deep is your love”, il y a de quoi se poser des questions. Voilà, ça c’est dit.

Passée cette réflexion bizarre, la pochette de Outside Love résume en fait plutôt bien le concept qui se trouve derrière le disque. Des propres mots de Stephen McBean, le cerveau de l’affaire, ce sont 10 chansons à propos d’”amour et de haine, qui s’écoutent comme on lit un roman d’amour de Danielle Steele”. Dis comme ça, personnellement, ça ne me tente pas des masses. Qu’est-ce qu’ils vont nous faire ces Canadiens, la bande-originale des Feux de l’amour ?!

Si le nom de Stephen McBean vous dit quelque chose, c’est peut-être parce que vous avez entendu parler de Black Mountain, sorte de machine de guerre psyché-rock, dont les riffs menaçants m’ont largement impressionnée l’année dernière avec In the Future, leur second album (lire ma chronique). En quelque sorte, Black Mountain est le “dark side” de Pink Mountaintops, un peu moins accessible que ces cimes roses plus accueillantes.

Les paroles sont plus légères (“amour et haine”, rien d’autre à rajouter), mais le son de la bande à McBean est toujours reconnaissable, que ce soit en black ou en pink. Dès les premières secondes de “Axis: Thrones of Love”, la rythmique pesante, la réverb’ omniprésente, les choeurs… tout est là pour que la chanson prenne d’un coup une dimension incroyable. Le décollage est immédiat, sans avertissement. Et tout au long du disque, le groupe va plusieurs fois grimper bien plus haut qu’ils ne l’avaient fait sur leur premier album éponyme, ou sur Axis of Evol. Outside Love est clairement plus ambitieux, sans complexes, sans limites. McBean exploite ses idées jusqu’à la moëlle, en essayant de tirer le maximum de son groupe.

Ce dernier s’est d’ailleurs enrichi pour ce disque d’invités prestigieux comme Sophie Trudeau de Godspeed You! Black Emperor et A Silver Mt. Zion, Ted Bois de Destroyer, Jesse Skykes de Sweet Hereafter… Une vraie dream-team indie rock au service de McBean, qui s’impose à chaque album comme l’un des génies rock de la décennie.

Après ces deux premières pistes imposantes, le groupe adopte son rythme de croisière : la splendide ballade “While We Were Dreaming” (dont j’allais vous dire qu’elle était ma préférée mais en fait il y en a encore 4 du même calibre qui arrivent ensuite), son atmosphère incroyable, très sombre et en même temps… en même temps il se dégage un peu la même chose qu’avec Beach House et leur Devotion. Il y a tellement de place pour s’y étendre qu’on en oublie la noirceur des paroles (souvent surréalistes) pour se laisser porter par la voix magnifique de la chanteuse.

Le groupe explore dans ce disque les moindres recoins du psychédélisme sombre de McBean, que ce soit par une folk très americana (”And I Thank You” - qui est tout bonnement SPLENDIDE, le plus haut sommet de l’album - et “Vampire”), le très joyeux “Holiday” qui rappelle les meilleurs moments d’Arcade Fire ! À grand renfort de violons, harmonicas, choeurs (je me répète, mais les choeurs et les harmonies vocales ont une grande importance sur ce disque, ce sont eux qui hissent chaque chanson dans une autre dimension), la recette des Pink Mountaintops marche à tous les coups. Il est peut-être un peu dur de s’avaler tout l’album d’un coup. J’ai préféré m’arrêter plusieurs fois pour réécouter la chanson qui venait de passer, mieux comprendre les paroles, mieux apprécier les variations de la musique, la manière qu’à le groupe de faire durer certaines d’entre elles à tel point qu’on aimerait que ça ne s’arrête jamais (”Outside Love”)…

Outside Love est vraiment très riche d’idées, chaque chanson mériterait un paragraphe entier. Le style varie d’une piste à l’autre, de manière parfois surprenante comme sur “The Gayest of Sunbeans” qui sort d’on-ne-sait-où, à tel point qu’arrivée à cette piste j’ai cru que j’écoutais un autre disque ! Très étrange choix de l’avoir mise en plus juste avant “Closer to Heaven”, qui clôt le disque de la plus belle des manières. Une vraie conclusion “angels will make it alright…”) qui rappelle qu’on a affaire à une sorte de “concept” album (j’ai beaucoup de mal avec cette notion). En effet, beaucoup de “love” dans ce disque. Le contraste sera impressionnant si vous en étiez resté à In the Future !

Au final, ce disque s’est très vite imposé comme un classique instantané. Une réussite éclatante d’un groupe majeur, ou plutôt d’une “troupe” majeure. Une bande de Canadiens dirigée par un sombre génie aux riches idées, qui produisent une musique d’une qualité sans pareil. Woaw…

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