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Michel Garroté - Samedi 23 mai 2009 - Il y a quelques jours, un pseudo expert militaire israélien, expert politiquement correct, racontait, dans un quotidien israélien de gauche, qu’il ne fallait pas exagérer le danger iranien. Le quotidien français Le Monde s’était aussitôt empressé de reprendre l’info en insistant lourdement sur le fait que l’on ne pouvait mettre en doute les déclarations (dans un quotidien israélien de gauche) d’un expert militaire israélien. C’est tout de même amusant que sur ce coup là Le Monde crédibilise un expert militaire israélien. Car en temps normal Le Monde ignore souverainement tous les avertissements de tous les experts militaires israéliens y compris concernant l’Iran.
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Et à propos de nos amis les gaulois, La France laïque et la Turquie islamique (« modérée ») allèguent qu’elles peuvent œuvrer (ensemble ?) en faveur d’un rapprochement entre la Syrie et Israël. Bon. Admettons. Mais le dictateur syrien laïc - et néanmoins pro-islamique - Bachar al-Assad, lui, dans un énième virage à 180°, taxe, aujourd’hui samedi 23 mai 2009, Israël de « grand obstacle à la paix », au cours d'un discours qu’il prononce à l'ouverture d'une réunion ministérielle, à Damas, réunion des Etats-membres de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI).
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Toujours à propos de Proche et de Moyen Orient, voici encore un virage à 180° avec le Secrétaire américain à la Défense Robert Gates annonçant aujourd’hui samedi 23 mai 2009 que le Pentagone a mis à jour des plans pour une éventuelle attaque militaire contre l'Iran.
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De son côté, et là ça devient à la fois beaucoup plus sérieux et beaucoup plus intéressant, Stéphane Juffa, sur Metula News Agency, la veille, soit hier vendredi 22 mai 2009, dans un article intitulé « Obama n’empêchera pas la bombe atomique iranienne », écrit notamment (début des extraits de l’article de Stéphane Juffa) : « L’inimitié que Barack Hussein Obama voue à Israël s’est répercutée dans son langage corporel, lors de la visite du 1er ministre Netanyahu, dans le contenu et le ton de ses paroles, la fuyance de son regard et la courte durée de la conférence de presse commune. On aurait pu interpréter que le Président nourrissait un différend qui n’était que personnel avec Benyamin Netanyahu, si le traitement qu’il avait réservé au président Shimon Pérès, quelques jours plus tôt, avait été différent. Non seulement ce ne fut pas le cas, mais Obama se livra, contre le Prix Nobel de la Paix, à des agressions frontales à propos de la politique israélienne, qui déclenchèrent l’ire du très serein et très consensuel M. Pérès. Quant à la conférence de presse commune, on en fit tout simplement l’impasse, et on évacua l’hôte de Jérusalem de la Maison Blanche par une porte cochère. Un comble ! Cela, c’est pour la petite histoire, qui a toutefois le mérite de souligner les dispositions de M. Obama à l’égard de l’Etat hébreu. En ce qui concerne le plat de résistance, Netanyahu était venu chercher deux choses à Washington : la définition d’une date butoir pour les négociations avec Téhéran, et l’entente qu’à l’issue de cette date, si la République Islamique n’acceptait pas de mettre un terme à son entreprise d’enrichissement d’uranium, on passerait sans perdre plus de temps à l’option militaire ».
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« Or non seulement Barack Obama n’a pas fixé d’échéance claire – il parle de la fin de l’année courante sans plus de précision -, encore n’envisage-t-il ensuite qu’un hypothétique durcissement des sanctions contre la dictature des Ayatollahs. La posture prise par le pensionnaire de la Maison Blanche dans cette affaire brûlante n’est visiblement pas à même de résoudre le problème ; d’abord parce que la fin de l’année, c’est trop loin, l’Iran étant capable – selon tous les experts que je côtoie – d’accumuler 25 kg de matière fissile (de quoi faire la première bombe) à partir d’octobre-novembre. Ensuite, parce que la saison des sanctions économiques est totalement dépassée, qu’elles ont déjà été décrétées à trois reprises par le Conseil de Sécurité, et qu’elles n’ont amené aucune inflexion de la part des barbus de Téhéran. En d’autres mots très simples : si les Perses obtiennent 25 kg de matière fissile avant décembre prochain, soit dans la plage-temps qui leur est accordée par l’administration américaine, la planète comptera une puissance nucléaire supplémentaire. (…) L’Iran aurait ensuite tout le temps nécessaire afin d’assembler sa première bombe, avant les suivantes, plus sophistiquées, et les viennent ensuite… (…) …l’Occident resterait impassible, victime résignée d’assassinats genre Tours Jumelles, Gare de Madrid, Subway de Londres, qui iraient, à n’en point douter, se multipliant. (…) Voila le risque inouï que Barack Obama, dans son incompréhension du monde, est en train de laisser devenir réalité. Et ce n’est pas tout encore ».
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« Le nouveau président étasunien n’a pas fait que rejeter les requêtes d’Israël visant à sa sauvegarde, mais également à celle de l’humanité entière ; Obama a, de plus, mobilisé toute son administration afin qu’elle menace Jérusalem de ‘trouble sérieux’, au cas où elle réglerait seule la menace nucléaire islamiste. Barack a fait passer la consigne au vice-président Joe Biden, au Secrétaire à la Défense Robert Gates (Note de Michel Garroté : Stéphane Juffa publie le présent article le 22 mai ; et Robert Gates annonce le lendemain 23 mai que le Pentagone a mis à jour des plans pour une éventuelle attaque militaire contre l'Iran) et a demandé à sa ‘ministre des Affaires Etrangères’, Hillary Clinton, une amie d’Israël, de se tenir à l’écart de la controverse. A Leon Panetta, le directeur de la CIA, il avait demandé de se rendre physiquement à Jérusalem, afin d’y mettre personnellement en garde le président du Conseil israélien : ‘Pas d’attaque ! Pas de surprise à la Osirak !’. Le mot d’ordre émanant de la Maison Blanche est ‘on va parler aux ayatollahs, et même lorsque cela sera trop tard, on leur parlera encore, sans jamais évoquer l’option militaire’. Entre-temps, lundi dernier, Téhéran, afin, sans doute, de répondre positivement à la politique d’Apaisement de Barack Hussein – sur l’air de ‘nous vous avons compris M. le Président’ – a procédé au lancement d’un missile Sejil. Il s’agit d’un engin balistique de moyenne portée, possédant la caractéristique désagréable (pour ses ennemis) d’être propulsé à base de carburant solide. La fusée peut ainsi ‘faire le plein’ longtemps à l’avance, à l’inverse des missiles à carburant liquide, qui sont préparés quelques heures avant leur lancement, au prix d’un processus de remplissage très voyant depuis les satellites (…) ».
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« …plusieurs jours après le lancement de Sejil, la plupart des officiels, par crainte d’enfreindre la consigne présidentielle difficile à saisir dans son objectif, se refusent et jusqu’à confirmer que le lancement s’est produit. C’est, par exemple, le cas de Bryan Whitman, porte-parole du Pentagone ! Ce dernier renvoie en touche dans les 22 des jardins de la Maison Blanche. Jusqu’à la Secrétaire d’Etat, Hillary – pas nous ! – Clinton, qui, lors d’une adresse face au Congrès, n’a pas évoqué le lancement de son propre chef. Lorsqu’interrogée spécifiquement par un congressman, l’épouse de Bill a ânonné sans état d’âme les niaiseries dangereuses de son patron. Quant à Robert Gates, le Secrétaire à la Défense, il a confirmé que la fusée iranienne avait une portée de 2000 à 2500 kilomètres – plus proche de 2000 selon Gates – pouvant toutefois atteindre Israël, les bases US du Moyen-Orient ainsi que l’Europe de l’Est. ‘Les informations en ma possession’, a mentionné Gates, ‘indiquent que le vol d’essai aurait été couronné de succès’. Le seul officiel à être sorti des figures imposées dictées par Obama a été l’amiral Mike Mullen. Mullen est le président des chefs d’états-majors US, soit le chef des chefs des armées de l’Oncle Sam. Pas va-t-en-guerre pour autant, Mike Mullen s’était, en d’autres circonstances, inquiété de ce qu’une attaque militaire contre l’Iran pouvait ajouter à la tempête sur le déjà instable Moyen-Orient ».
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« Mais cette semaine, devant le Comité des Relations Etrangères du Sénat, le chef des chefs est sorti de sa réserve. Pour dire ce contre quoi la Ména met en garde depuis des années : ‘Je pense que l’Iran s’appropriant l’arme nucléaire serait une calamité pour la région et pour le monde’ » (fin des extraits de l’article de Stéphane Juffa).
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Voilà donc le point de vue de Stéphane Juffa. Et pour ce qui me concerne, je n’accorde aucun crédit aux déclarations formulées par les politiciens américains, surtout leurs déclarations sur l’Iran. La déclaration de Monsieur Gates d’aujourd’hui samedi 23 mai ne m’affecte pas ; pas plus que les déclarations antérieures (et opposées) de Monsieur Gates ; et pas plus que n’importe quelle autre déclaration formulée par n’importe quel autre politicien américain. Je reste persuadé que si Beguin n’a pas eu peur de Carter, alors Netanyahu n’aura pas peur non plus d’Obama. La théorie selon laquelle un nouvel Osirak perpétré par Israël - en Iran cette fois - provoquerait le chaos au Proche et au Moyen Orient, cette théorie me fait hurler de rire.
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Car le Proche et le Moyen Orient sont déjà dans le chaos à cause de l’Iran, de la Syrie, du Hezbollah, du Hamas et même d’Al-Qaïda qui recommence les attentats en série en Irak depuis que Obamateur a annoncé le retrait des troupes américaines. Sans compter les taliban sur le point de s’approprier le nucléaire offensif pakistanais. Des frappes israéliennes contre les joujoux (de destruction massive) iraniens ne peuvent pas déclencher un chaos puisque ce chaos existe déjà. Des frappes israéliennes en Iran peuvent en revanche montrer aux générateurs de ce chaos qu’il y a des limites à ne pas dépasser.
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Copyright Michel Garroté 2009 & Sources citées
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