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Le Dernier Templier

Publié le 23 mai 2009 par Vance @Great_Wenceslas

Un livre de Raymond Khoury, traduit par Arnaud d’Apremont, éditions Presses de la Cité 2006 pour France Loisirs.

Le Dernier Templier
 

Résumé, 4e de couverture : Acre, 1291. La ville tremble sous l’assaut des hommes du Sultan. A bord du Faucon-du-Temple, quelques chevaliers prennent la mer, chargés par le Grand Maître de sauver un coffret mystérieux. Mais leur navire disparaît sans laisser de traces…

New-York, de nos jours. Quatre hommes vêtus d’armures de Templiers s’engouffrent dans le Musée d’Art moderne où se tient une exposition des trésors du Vatican. Une jeune archéologue, Tess, est le témoin pétrifié de leur assaut violent et du vol d’une étrange machine. Mais pour elle et l’agent du FBI Sean Reilly, cette attaque n’est que le début d’une course-poursuite mortelle à travers trois continents sur les traces d’un assassin impitoyable… et d’une énigme vieille de vingt siècles…

Il nous a bien servis, ce mythe du Christ.

Léon X, pape, XVIe siècle.

Ce n’est pas un hasard du tout. Il y a le mot « Templier » écrit sur la couverture, que voulez-vous, ça m’attire de manière irrépressible. Attention, on n’est pas dans une étude exhaustive, sérieuse et scientifiquement étayée de l’Ordre du Temple, à la Alain Demurger (Vie & Mort de l’Ordre du Temple, Seuil 1994 : très bonne synthèse facile à lire), ni dans ces recherches orientées ésotériquement, fondées sur des hypothèses habiles, des coïncidences troublantes et quelques faits avérés, dans le genre de Gérard de Sède (les Templiers sont parmi nous, J’ai Lu 1973 : une belle plume et beaucoup de plaisir coupable) ; non, il s’agit bien de ces romans policiers sur fond historico/mystique qui ont fait florès depuis le succès d’un certain Dan Brown. J’avais déjà évoqué le plutôt pas mal Héritage des Templiers, délassant, dépaysant et souvent palpitant : celui-ci se situe dans la même veine.

Toutefois, dans ce livre au format agréable, on a tendance à déchanter très vite. Si la seconde partie du résumé de 4e de couverture avait su accrocher mon regard, il faut bien admettre que la scène du casse du Metropolitan occupe la plus grande partie des premiers chapitres. Certes, c’est spectaculaire et laisse suffisamment de mystère planer pour que la tension demeure, mais on est fort loin de l’environnement tant géographique qu’historique qui soutenait si bien l’intrigue du livre de Berry. Trois axes articulent la narration : le duo Tess/Reilly, le responsable de l’extravagant braquage du musée et un étrange tueur dont on découvre très vite qu’il est à la solde du Vatican. Le reste suit son cours, et les voyages succèdent aux discussions qui, si elles sont intenses et abordent des sujets profondément intéressants (la véritable nature des Templiers, les racines du christianisme), plombent le récit d’une manière très artificielle. Dommage, car les personnages en revanche parviennent à séduire malgré leur facture très classique. Tess est une archéologue au physique avantageux, indépendante quoique mère de famille ; Reilly est un enquêteur solitaire, consciencieux et croyant. Leur relation annoncée, sans la moindre once d’originalité, demeure plaisante à suivre, Khoury jouant sur le registre Mulder & Scully en une lente et savante progression des sentiments. En face, si le responsable du casse est vite identifié, il déçoit aussi par son portrait, prétexte à d’obscures argumentations pseudo-philosophiques : le gars a juste une revanche à prendre sur l’Eglise qui lui a volé sa vie. Pas mieux du côté du Vatican avec un exécuteur des basses œuvres à l’acharnement presque caricatural. D’Amérique, la piste de la machine (une sorte de décrypteur) les mène à la mer Egée, entre la Turquie et la Grèce donc, tandis que, par moments, on suit le parcours de Martin de Carmaux, ce Templier qui s’était vu confier une mission de haute importance alors que la Chrétienté perdait son dernier bastion en Terre Sainte : mettre à l’abri, et transmettre, le fondement même de l’Ordre, un trésor mis au jour alors que les neuf premiers Templiers héritaient de l’autorisation d’utiliser la partie occidentale du palais du roi de Jérusalem – sur le site de l’ancien Temple de Salomon – comme quartier général. Là aussi, hélas, la nature de ce trésor fait long feu, dévoilée au cours de ces longues discussions entre croyants hésitants et agnostiques convaincus. Dommage, car la partie où Reilly et Tess recherchent le site où serait enterré le trésor (ou, au moins un indice capital pour y mener) est la plus captivante, menée sur un bon rythme avec un réel sens du danger et de la tension : ils ne savent pas s’ils ont été devancés et si leurs poursuivants sont à leurs trousses. L’escalade dans la tension et la violence qui s’ensuit déçoit, mais moins que la fin, attendue et assez poussive.

Khoury a clairement voulu axer son sujet sur un concept fort : il n’en est pas moins galvaudé depuis Da Vinci Code, et Berry l’a bien mieux traité, dans un thriller plus enlevé et fascinant.


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