Paru le 2009-05-23 12:32:00
États-Unis - Les chercheurs ont révélé les restes très bien préservés d’une créature semblable à un lémurien morte il y a 47 millions d’années. Ce serait le "chaînon manquant" dans l’arbre de l’évolution de l’homme.
Son surnom est Ida. Elle mesure une cinquantaine de centimètres et elle pourrait être un ancêtre commun des singes et de l’Homme. Elle permettrait de comprendre une partie cruciale de l’Histoire de l'évolution humaine. Malgré son âge, elle est complète à 95 % et les empreintes de ses poils et de sa chair sont visibles imprimées dans la roche. Même Lucy, le célèbre fossile de 3 millions d’années, n’était complète qu’à 40 %.
Ida a été découverte en 1983 en Allemagne sur le site fossilifère de Messel Pit, mais elle était entrée dans un réseau de collections privées. Il a fallu attendre des années pour qu’elle se retrouve entre les mains de chercheurs qui ont pu reconnaître sa grande valeur. En 2006, Thomas Perner, un négociant, a appelé le docteur Jorn Hurum du muséum d’histoire naturelle de l’université d’Oslo pour lui parler d’Ida. Après avoir échangé des photos, le docteur Hurum a pris le risque de lui racheter au prix d’un million de dollars afin de révéler ce fossile à la science. Il y avait eu des rumeurs il y a 20 ans concernant un fossile de primate étonnamment bien conservé, mais aucun scientifique ne l’avait vu.
« Elle appartient au groupe à partir duquel se sont développés les primates et les humains mais mon impression est qu’elle n’est pas directement liée » précise le docteur Jens Franzen, un des chercheurs de l’équipe. Ses dents semblent indiquer que même si elle ressemble plus à un lémurien, elle est en fait plus proche de la lignée qui mène aux singes et aux hommes. La disposition de ses yeux rappelle celle des humains et elle a des pouces opposables.
David Attenborough qui présentera un documentaire sur la découverte à la BBC déclare : « Ida est le lien manquant entre les singes, l’homme et le reste des mammifères et même de tout le règne animal ». Il explique que les chercheurs analysent toujours les os des fossiles pour en déduire l’emplacement des organes et ainsi imaginer leur façon de se mouvoir. « Avec ce fossile, nous n’avons pas que les os, mais nous avons aussi la fourrure et la chair. Ainsi ce n’est plus une question de déduction ou d’imagination, c’est un fait ! » s’émerveille-t-il. D’autres chercheurs sont plus suspicieux et considèrent que le terme de « lien manquant » est trompeur.
L’équipe a nommé cette espèce Darwinius masillae, pour marquer le bicentenaire de la naissance de Darwin.
Découvrir des photos d'Ida : http://www.maxisciences.com/cha%eenon-manquant/le-cha-non-manquant-ida-en-images_art2106.html