Claire Denamur en Interview sur Influence

Publié le 23 mai 2009 par Guillaume @influencelesite


J’ai découvert un soir devant ma télévision à la « fête de la chanson française » une jeune femme qui avait l’air un peu stressée mais très souriante et avec une voix un peu cassée, en l’occurrence il s’agissait de Claire Denamur.

J’ai entendu sa chanson « Le prince charmant » et elle m’est resté en tête toute la soirée, puis le lendemain et enfin plusieurs jours après, en recherchant sur son myspace, je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul à avoir aimé et depuis est sorti son premier album « Claire Denamur » chez Source Etc. J’ai eu la chance de parler de son parcours et de cet album avec elle où nous évoquons les titres, ses origines et ses envies et ses peurs aussi pour la suite. Bonne lecture en espérant que son sourire et sa gentillesse ressortent dans les réponses.

Vous êtes actuellement sur les routes pour promouvoir votre album « Claire Denamur », en première partie de nombreux artistes, comment se passe l’accueil du public ?

Alors c’est un public d’adoption pour l’heure, j’ai commencé avec Renan Luce, Emily Loizeau, j’en ai fait avec Bensé aussi et là je suis avec La Grande Sophie. L’accueil du public se passe, peut-être parce qu’il ne s’attend pas à moi, très bien, quand on vient voir un artiste qu’on aime on est plutôt indulgent avec la première partie. Aujourd’hui le peu de gens qui restent pour payer leurs places et aller voir des concerts sont des gens vraiment passionnés par ça, on ne fait plus ça à moitié, ce sont donc presque des avertis en quête de nouveauté et dans ce sens-là comme ma façon d’aborder la scène est de ne laisser aucun répit, je fais énormément participer le public et je ne leur laisse pas le souvenir d’une première partie calme. L’accueil est vraiment super, ça ne pourrait pas mieux se passer pour moi de ce point de vue-là, et je pense sans m’avancer que je suis peut-être en train d’en fidéliser déjà quelques-uns.

Sur cet album qui parle beaucoup d’amour il y a des textes qui évoquent des situations assez matures comme dans par exemple « L’amour éphémère » et ce malgré votre jeune âge, comment écrivez-vous ce genre de texte ?

Alors, je ne réfléchis pas tout simplement (rires). En ce moment il y a deux parties de gens pour apprécier ma musique, il y a ceux qui disent clairement que j’écris de manière très très légère, pas du tout adapté pour notre époque, que c’est peut-être même mal écrit ou immature. Et les autres c’est très bizarre pense tout l’inverse et pensent qu’on trouve beaucoup de maturité dans mes propos. Je remets beaucoup en question mon travail en ce moment car moi quand j’écris je ne réfléchis pas de la sorte, je suis quelqu’un de premier degré. En l’occurrence « L’amour éphémère » est un texte que j’ai mis énormément de temps à écrire, en tout et pour tout plusieurs mois pour l’écrire. D’habitude je fais un texte d’une traite, les paroles et sa composition et pour celle-ci j’avais le premier couplet et un refrain et j’ai beaucoup bataillé pour ce texte. Je sentais que je tenais quelque chose de bon et de mieux écrit donc pour ne pas tomber dans un truc mauvais j’ai vraiment pris mon temps.

Votre single s’intitule « Le prince Charmant », croyez-vous au conte de fées ?

Oui je pense. Pour résumer mon idée en matière d’amour, je dirais que dans le mal, même dans la souffrance, quand on vit une histoire d’amour tout est bon à prendre, surtout peut-être même dans la souffrance. C’est la preuve tangible qu’on est pas creux dans l’âme et en cette période ce qui fait le plus peur ce n’est pas la crise économique ou autres c’est que les âmes soient creuses.

On retrouve aussi « In the mood for l’amour » qui est une chanson chantée en français et en anglais. Vous l’aviez écrite de cette manière ou c’est venu pendant la réalisation ?

Alors à la base j’avais le refrain tel qu’il existe c'est-à-dire à moitié français et à moitié anglais. Par contre le couplet avec « je t’enlève, te déshabille… » toute cette partie là était en anglais. Avec le temps on a compris qu’on visait plutôt un album en français donc j’ai retouché et au final j’ai trouvé le résultat tellement plus mignon en français, ça donnait quelque chose de plus bonbon. Etrangement alors qu’en anglais c’est une langue plus facile dans laquelle écrire pour créer des visuels et bien là en français j’ai trouvé un langage plus facilement pour retranscrire.


Justement vu vos origines, n’avez-vous pas eu envie de chanter un peu plus en anglais ou en espagnol sur cet album ?

Ah oui carrément, mais d’une part si j’arrivais avec une grande chance à satisfaire, acquérir et conserver un public en français dans les premiers temps ça serait formidable. Et si après ces gens-là apprennent à m’aimer vraiment de façon intègre, je pense qu’un jour il sera venu le moment de leur présenter ce que je sais faire en anglais ou en espagnol. Sachant que mon timbre de voix change du tout au tout d’une langue à une autre. En espagnol ma voix ressemble à celle des femmes de la tradition latine comme par exemple Luz Casal. Le faire est beaucoup trop prématuré maintenant car les gens s’y perdraient. Je pense qu’il faut savoir suivre quelqu’un dans un premier temps et ensuite accepter ce qu’elle nous propose.

Une comparaison est presque inévitable avec Edith Piaf sur la chanson « Ah les hommes », Y pensiez vous et est-ce que la comparaison vous étonne?

Ca ne m’étonne plus aujourd’hui, j’ai compris avec le temps et les débuts des comparaisons avec cette grande dame que ça venait probablement des cœurs lors des refrains. Ca fait penser à l’époque où elle était accompagnée de ses compagnons, mais encore une fois quand j’écris ou je compose je ne pense à rien d’autre que mon vécu. Donc je n’y pensais pas, notamment car la culture musicale française je l'apprends et je continue à découvrir depuis très peu de temps, je ne connaissais pas assez Edith Piaf pour pouvoir prétendre y faire référence dans ma façon d’aborder mon travail.

Vos influences sont très diverses, si vous deviez rapprocher votre album de celui d’un artiste que vous aimez, lequel serait-ce ?

Alors peut-être pas à un album mais à une œuvre en générale, celle d’une Marilyn Monroe. Parce que je pense que la seule arme dont je dispose au niveau de la maîtrise c’est mon timbre de voix, ne pratiquant pas encore assez la guitare ou d’autres instruments pour prétendre être quelqu’un de forte. Je trouve que pour un premier album j’ai beaucoup laissé tenir les rennes par ceux qui le réalisaient, la prochaine fois que j’aurais la chance d’en faire un je ferais beaucoup plus de choses moi-même. Mais là c’est vraiment la vision de Julien Delfaud et Thomas Semence, les deux co-réalisateurs et ça ne m’a peut-être pas permis de m’exprimer vocalement comme je l’entendais, là sur l’album c’est plutôt tamisé par rapport à ce que je peux faire normalement et sur scène. Dans ce sens-là, sur le côté séducteur de la chose, Marilyn Monroe n’était pas quelqu’un qui maîtrisait beaucoup sa voix, elle ne la connaissait pas suffisamment bien à mon sens et pourtant dans la force de ses interprétations elle rend ses chansons on ne peut plus captivantes, moi quand je l’écoute, elle chante très juste mais sans les effets de trémolos ou autres elle est parfaite. C’était une vraie femme assumée surtout pour son époque et je suis ravie que quand j’écoute mon album je retrouve un peu de ça.

Pour ce premier album vous avez travaillé avec Pierre Dominique Burgaud qui a un joli palmarès de chansons à son actif, comment se sont passés la rencontre et le travail ?

C’est très simple, à la signature de mon contrat en avril 2007, jusque-là ça faisait une petite dizaine d’années que j’écrivais pour moi donc je n’avais pas de réel problème d’inspiration car je n’avais pas de réelle pression, personne auprès de qui défendre mon travail. Une fois le contrat signé c’est devenu un métier avec toute la pression que ça demande et j’ai d’emblé connu un blocage total d’inspiration que le label à laisser quand même couler 6 mois ce qui est très courageux de leur part. Après ils se sont dit quand même il faudrait s’y remettre et ils m’ont proposé de me faire rencontrer beaucoup de gens, des artistes, des auteurs-compositeurs etc et la première personne s’avérait être Pierre Dominique Burgaud et ça suffisait car c’était de suite la personne avec qui on a accroché et tout de suite compris qu’on était fait pour travailler l’un avec l’autre et aujourd’hui en plus nous sommes devenus amis et la collaboration je pense va encore plus en bénéficier. On le fait maintenant encore plus de façon ludique et on peut plus se permettre.

D’autres auteurs vous ont-il déjà approchée dans l’optique du prochain album devant la réussite de celui-ci ?

Alors on me demande plutôt d’écrire pour les autres, notamment pas pour les français et françaises mais je suis très flattée de me voir solliciter pour des artistes anglo-saxonnes. A priori ma plume fait penser, comme j’ai vécu très longtemps aux Etats-Unis, à une américaine qui essaye de s’exprimer en français. On se dit que c’est tellement maladroit en français et parfois un peu primaire, comme si une enfant écrivait, et pour ce côté-là des choses, beaucoup de gens qui s’occupent d’artistes anglophones aiment beaucoup ma plume et me sollicitent de plus en plus. Je ne dirai pas les noms, non pas par clause de confidentialité ou autre mais plutôt car je n’aime pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Tout ça est très sympa car ça m’amène à penser que j’ai peut-être vraiment une manière d’écrire bien à moi.

Je vous ai connu lors de votre premier passage télé dans « La fête de la chanson française » présentée par Daniela Lumbroso, comment avez-vous été approchée pour cette émission ?

Alors tout simplement mon attaché de presse qui a, comme tous les ans, présenté le travail des gens dont il s’occupait et Daniela a eu un réel coup de cœur dès la première écoute, d’ailleurs depuis ça nous sommes devenues amies et c’est une femme absolument charmante. Elle fait partie pour moi avec Nagui, de la dernière espèce en voie d’extinction des gens qui à la télé font encore des émissions par passion, ils passent beaucoup de temps à l’écoute avant la programmation, ils s’y plongent vraiment de façon sérieuse.

Pour terminer, pourriez vous nous parler de ce souvenir ?

Le meilleur souvenir possible, parce que j’ai pu voir Daniela et lui remettre des fleurs. Que j’ai pu rencontrer d’autres artistes, il faut savoir que la télé ça peut prendre beaucoup de temps, j’étais arrivée vers 17 heures, je suis repartie à 4 heures en ayant fait mon direct à 3 heures du matin, en attendant quoi je faisais un bœuf énorme dans les loges. On était regroupé en 2 groupes d’artistes, au dessus l’ambiance était clairement beaucoup moins drôle que chez nous et avec moi il y avait entre autres Pep’s et aussi ce que j’appelle des plus grosses pointures de notre musique actuelle comme Catherine Ringer, mais qui nous fréquentait comme si nous nous connaissions depuis 20 ans. Pour les coulisses, pour le passage qui s’est très bien passé bien que tardif et le reste c’était un très bon souvenir.