Le
rythme du festival se fait de plus en plus trépidant avec
encore une grosse journée. Pour commencer, l'enchaînement
de deux longs, très longs films en compétition. 2h30
chacun... Mais comme le dit le dicton populaire
«plus c'est long, plus c'est bon...».
Avec A l'origine, Xavier
Giannoli signe tout simplement son meilleur film Ce drame social
s'inspire d'un fait divers réel : L'escroquerie d'un homme
ayant réussi à se faire passer pour un entrepreneur en
travaux publics et à mobiliser toute la population d'une
petite zone urbaine sinistrée, dans le nord de la France pour
rouvrir le chantier abandonné de l'autoroute voisine. A travers cette incroyable histoire,
Giannoli parle des problèmes économiques et sociaux de
nos sociétés contemporaines, de l'impact des
délocalisations et des plans de licenciement sur des zones
géographiques complètes. Le film touche d'autant plus juste
qu'il est porté par des interprètes tous très
bons. François Cluzet notamment, parfait dans le rôle de
ce petit escroc subitement embarqué dans un processus qu'il ne
contrôle plus, mais heureux de pouvoir enfin donner un sens à
sa vie.
Autre film en compétition, autre
petite pépite, le nouveau film de Michael Hanneke, Le
ruban blanc.Le réalisateur autrichien délaisse
les scènes-chocs qui peuplent habituellement ses films pour
livrer une oeuvre assez austère et mystérieuse, dans
laquelle la violence est sous-jacente, prête à jaillir. L'intrigue tourne autour d'une série
d'«accidents» étranges dans un petit village rural
autrichien, au début du XXème siècle : un cable
tendu au sol occasionne la chute du médecin local, une
paysanne meurt brusquement, un enfant handicapé est
martyrisé... On découvre peu à peu que cette
petite communauté cache des actes moralement douteux, bien
loin de la rigueur morale de façade affichée par les
notables qui dirigent le village – du baron local au pasteur...
Surtout, cet instantané de la
population autrichienne des années 1910 permet de revenir sur
les origines du nazisme et de la barbarie des populations germaniques
lors de la seconde guerre mondiale. Le tout filmé avec la
rigueur habituelle du cinéaste, dans un noir & blanc bien
travaillé et adapté au sujet.
La section Un certain Regard a proposé
un beau voyage en images et en musique dans les superbes paysages de
Colombie avec Les voyages du vent de Ciro Guerra.
L'histoire d'un accordéoniste en deuil, qui, au crépuscule
de sa vie, décide d'arrêter la musique et de rapporter
l'instrument à son vieux maître. il est suivi dans son
périple par un jeune homme qui pourrait être son fils,
désireux lui aussi d'apprendre la musique et de découvrir
le monde.
On reste en Amérique du sud avec A la
dérive, le récit initiatique d'une adolescente
qui découvre le sentiment amoureux et le désir au
moment où ses parents traversent une grave crise de couple.
Les images sont très soignées et mettent en valeur les
paysages, somptueux, mais le film en lui-même n'est pas
inoubliable, car bien trop classique et prévisible.
Les paysages du Carcasses
de Denis Côté, présenté à La
Quinzaine des Réalisateurs, étaient un peu moins
superbes mais assez surprenants – le personnage habite dans une
sorte de dépotoir ou de casse automobile, véritable
bric-à-brac d'objets en tout genre.
Au début, on regarde avec
curiosité ce docu-fiction iconoclaste, mais l'ennui s'installe
peu à peu, à mesure que le cinéaste tente
d'insuffler de la poésie à cet univers étrange
peuplé de personnages un peu «différents».
Pour clore la journée, une
nouvelle séance de minuit - programmée plutôt
vers 1h du matin, c'est rude... - avec arrivée de l'équipe
du film en... tracteur! Il s'agissait en effet de la
projection, hors compétition, de Panique au village,
le film d'animation de Vincent Patar et Stéphane Aubier. Le
concept est le même que la série télévisée
éponyme : des petites figurines tout droit issues de notre
enfance (cow-boys et indiens, personnages et animaux de la ferme,
petits soldats, extra-terrestres et monstres...) habitent le même
village fait de carton pâte et participent à toutes
sortes d'aventures délirantes issues du cerveau malade des
créateurs de Pic-Pic et André. L'humour absurde (et
belge) du film fait souvent mouche, notamment grâce à un
casting vocal où Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners s'en
donnent à coeur joie. Seul problème, le concept,
irrésistible en format court s'essouffle assez vite après
la première demi-heure. L'heure tardive de projection n'a
probablement pas arrangé les choses...
Sans compter que le festival touche à
sa fin et que la fatigue commence à se faire sentir...
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 09 juillet à 13:17
Pour immage carcasses {voir haut de page}, en 80% il s´agit de une Škoda Octavia ou 440 /Spartak/ de fabrication Tchecoslovaque.