Petit marathon cinématographique
pour ce huitième jour de festival, avec pas moins de six films
au programme, dont le long film de Quentin Tarantino, Inglourious
basterds.
Ce qui était probablement
l'événement le plus attendu du festival a créé
beaucoup d'animation autour du palais, mais semble avoir laissé
de marbre les spectateurs. Annoncé comme un film de guerre
dans l'esprit de Les douze salopards d'Aldrich, le film
confirme en fait le virage amorcé par Tarantino depuis Kill
Bil volume 2 et confirmé avec Boulevard de la
mort. Son cinéma délaisse quelque peu l'action
rythmée et les mouvements de caméra complexes pour se
faire plus bavard, plus abstrait, pas parodique, mais presque, car
détournant les codes narratifs et transformant des séries
B en oeuvres conceptuelles tournant autour du cinéma.
Personnellement, si je regrette un peu
l'alliage détonnant d'humour, de références et
d'action qui lui a valu la palme pour Pulp fiction,
j'ai trouvé le film très intéressant et bien
moins mauvais que mes confrères festivaliers.
Autre film a avoir interloqué
les spectateurs, le nouveau film d'Alain Resnais, Les herbes
folles. Une oeuvre étrange, qui commence comme une
comédie avant de se nimber d'une certaine tension et de
basculer dans l'insolite et l'onirisme.
Le film mériterait une seconde
vision pour en extirper la richesse, car Resnais n'est pas subitement
tombé sur la tête. Son film est une oeuvre-labyrinthe,
une plongée dans l'inconscient qui nécessite une
participation active de la part du spectateur mais qui risque aussi
de le perdre en route. Evidemment, on est en droit de préférer
L'année dernière à Marienbad, qui
était quand même un bon cran au dessus...
Toujours en sélection
officielle, hors compétition, No meu lugar, le
premier long-métrage d'un critique brésilien, lauréat
de la Cinéfondation en 2002. Cette longue chronique qui tourne
principalement sur les relations parents-enfants et la violence qui
règne au Brésil, n'est franchement pas terrible et
distille surtout un ennui mortel...
Les films d'Un certain regard étaient
plus intéressants.
Tout d'abord Eyes wide open,
premier film du cinéaste israélien Haîm Tabakman,
qui bouscule les tabous en montrant la naissance d'une liaison
homosexuelle dans une communauté juive orthodoxe. Une oeuvre à
la mise en scène très rigoureuse, forte et émouvante.
Puis La nymphe, film
thaïlandais de Pen-Ek Ratanaruang qui joue la carte de la fable
fantastique en faisant pénétrer ses personnages dans
une forêt hantée par une jeune femme autrefois violée
et assassinée. Le long plan séquence introductif est
superbe, montrant le viol de la jeune femme, puis la mort de ses
agresseurs, à bonne distance du spectateur, La suite est hélas
moins convaincante, un peu plus longuette, répétitive
et inutilement compliquée.
Pour finir la journée, une
petite séance qui nous a mené Jusqu'en enfer,
pour la présentation de ce film d'horreur de Sam Raimi, plus
de vingt-cinq ans après Evil Dead. Le moins que
l'on puisse dire, c'est que bonhomme n'a pas perdu la main.
Son film est un bon film fantastique,
aux ingrédients savamment dosés : des effets chocs qui
font sursauter à coup sûr, des scènes bien dégueu
où Alison Lohman voit se deverser sur elle toutes sortes de
liquides bien peu ragoûtants, une méchante d'anthologie
– une vieille sorcière gipsy borgne et édentée
– et une bonne dose d'humour bien noir...
L'ambiance au palais était
garantie et le film a assurément su plaire aux amateurs du
genre. C'était exactement l'oeuvre qu'il fallait pour boucler
sans prise de tête une journée bien remplie...