Patrick Mennucci devrait présenter prochainement une proposition très détaillée pour réguler la sélection du candidat PS.
Les derniers débats sur la victoire Obama sont apparus en France assez déconnectés de la réalité politique de ce pays pour une raison simple : en France la chape de plomb qui pèse sur la vie politique est telle qu'une candidature Obama n'aurait jamais pu voir le jour.
La compétition est quasi-impossible en France faute de règles claires de sélection des candidats et de modalités financières d'organisation des équipes.
La multiplication des candidatures à la candidature est un phénomène nouveau mais incontournable. Il traduit l'éclatement des groupes de la société comme la décroissance de l'autorité des partis politiques.
Cette concurrence doit trouver des moyens de régulation. S'en remettre au 1er tour de scrutin, c'est prendre le risque d'un éclatement des candidatures de nature à faire peser des inconnues majeures sur la vraie représentativité des candidats au second tour.
En avril 2002, la gauche a subi les conséquences directes de la multiplication de son " offre ". Cela s'est traduit par son absence au second tour. Le 1er tour est certes un enjeu de sélection mais encore faut-il que cette sélection intervienne sur des bases rationnelles ne faussant pas les critères de présence au second tour.
En ce qui concerne les primaires internes aux partis politiques, la première clarification concerne le collège électoral. Pour des élections " locales " dont les législatives, le nombre moyen d'adhérents par circonscription est de l'ordre de 200 adhérents pour les partis comptant le plus grand nombre d'adhérents. 50 cartes peuvent faire la décision. Dans ces circonstances, les " adhésions de complaisance " peuvent fausser tout le processus.
Par conséquent, il faut d'abord clarifier la composition du collège électoral et les degrés d'ouverture au-delà des militants.
Second enjeu : le candidat doit affronter deux étapes successives avec des logiques distinctes voire opposées.
Dans un 1er temps, pour faire la différence au sein de son parti, il doit pratiquer un discours assez " intégriste " pour séduire les militants.
Dans un second temps, il doit chercher à rassembler le plus largement possible.
Ces deux étapes vont de plus en plus produire des contradictions redoutables à gérer. Les " effets de campagne " à usage interne au parti risquent d'être des boulets pour le passage devant le suffrage universel. Il y là un problème neuf et majeur de communication.
Le candidat qui participe dans l'objectif de gagner l'élection ultime doit résoudre l'équation suivante : que les conditions de victoire de la primaire dans son camp politique ne soient pas de nature à marquer son profil au point de l'handicaper pour la victoire finale.
Par conséquent, il faut concevoir un calendrier qui introduise des espaces de "respiration" pour faire succéder des logiques différentes de campagnes.
Enfin, il faut aussi du temps pour permettre de "cicatriser" la compétition interne.
Pour toutes ces raisons, tout est à faire en la matière en France.
Ce volet est déterminant pour la qualité future de la vie politique Française. Mais surtout, pour que le parti soit la structure d'organisation de primaires "loyales", cela revient à neutraliser à terme les instances dirigeantes qui auront du mal à être gestionnaires du parti et candidates au sein de celui-ci.
Par conséquent, ce dispositif porte en lui l'évolution des partis à l'Américaine avec un Chairman qui gère le parti en le déconnectant de son sort individuel.
Les propositions de M. Mennucci seront très instructives sur le niveau de rupture voulu par ce responsable politique sur un dossier aussi sensible qui est l'un des blocages majeurs de la vie politique Française.