Des élus américains interpellent la France au sujet des droits individuels à la liberté religieuse. La Milviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) recommande dans son dernier rapport la création d'une liste des pratiques sectaires à risque. Des membres du Congrès américain s'inquiètent des actions que pourrait mener le gouvernement contre les libertés religieuses. Bizarrement, ça me fait sourire. Les Américains, grands défenseurs des libertés.
Leur liberté commence d'abord par les symboles et les protocoles. Sur les billets de banque, il est écrit "In God we trust" ("En Dieu, nous croyons"), c'est-à-dire que si vous n'êtes pas croyant, c'est comme si vous n'existiez pas. Si vous ne croyez pas en un dieu, vous êtes obligés de supporter cette devise à chaque fois que vous payez. Lors de son investiture, le président élu des Etats-Unis doit jurer sur la Bible. Le président n'a donc pas la liberté d'être d'une confession différente ou d'être athée. Autre symbole, le sceau des Etats-Unis. Sur le recto, il y a l'aigle et sur le verso, il y a une pyramide inachevée surmontée d'un œil rayonnant : "l'Oeil de la Providence". Un œil que l'on retrouve aussi chez les Francs-maçons (d'ailleurs, deux Francs-maçons américains ont participé à l'élaboration de ce billet vert en 1935) et dans la Déclaration des droits de l'Homme de 1789 (qui, faut-il le rappeler, a été écrite durant une époque où le religieux avait encore une place importante dans notre société française). Cet œil est celui de Dieu qui exerce une surveillance sur l'Humanité. Encore une fois, une religion est imposée à tous.
Ensuite, dans la pratique et les comportements, qu'est-ce que l'on observe ? Tous les reportages, quelque soit le sujet, effectués sur le sol américain nous montrent certaines images et certaines déclarations. Il y a toujours un interviewé qui fait référence à Dieu du genre "Grâce à Dieu", "Je remercie Dieu pour…". Une parenthèse sur le terme de "communauté", employé en abondance chez l'oncle Sam : tout le monde fait partie d'une communauté là-bas, des cloisonnements qui frisent la ghettoïsation. Et chaque communauté base sa vie et son fonctionnement sur une confession ou une croyance. Ce qui peut en théorie, faire autant de religion qu'il y a de communauté. On peut y voir aussi de temps en temps un prêcheur dans une église bondée qui y fait des sermons tonitruants les yeux fermés, presque en trans. Un prêcheur qui a toujours un livre à vendre en fin de messe ou qui passe régulièrement à la télévision. Un prêcheur qui va de quartier en quartier dans sa belle voiture brillante. Des espèces de grands gourous. Parfois, il arrive que l'un d'eux demande pardon en larmes d'avoir trompé son épouse. Et que dire de ses manifestants, à l'effectif risible, qui arpentent en tournant en rond sur les trottoirs avec des panneaux insultants ? Des gens qui ne respectent pas la liberté d'autrui et qui veulent imposer leurs pensées uniques. Je pense notamment aux anti-IVG. Ne nous éternisons pas sur le Klux Klux Klan. Et puis, autre détail, on trouve une Bible dans chaque chambre d'hôtel.
Voilà donc la liberté à l'Américaine.
Qu'est ce que ces élus américains appellent une religion ? La Scientologie qui dépouillent sans limites ses membres et qui leur impose un lavage de cerveau quotidien et qui les privent de libertés de mouvement et de pensée ? L'Ordre du Temple solaire qui n'hésitent pas aux sacrifices en masse de leurs adeptes ? Le suicide par le feu d'hommes, de femmes et d'enfants dans une ferme de Waco ? L'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo par des membres Aum Shinrikyo ? Le mouvement raëlien qui se proclame médecin en affirmant avoir cloné un humain ? A moins que ce ne soit les viols répétés de Gilbert Bourdin dans son organisation "Les chevaliers du lotus d'or" qui prédisait l'invasion d'extraterrestres ? Soyons sérieux deux minutes et demandons à ces sénateurs de balayer devant leurs portes avant de s'occuper de ce qui ne les regardent pas.
Il n'est pas inutile de vouloir protéger les plus faibles et les plus vulnérables de certaines pratiques. Je dirais même que c'est de notre devoir. La France a raison d'imposer certaines règles et de mettre la pression sur d'obscurs personnages. Les sectes créent des dégâts catastrophiques dans les consciences de leurs victimes. De mon avis personnel, la définition d'une religion est simple : une religion ne doit en aucun cas imposer quoi que ce soit à ses membres. Une religion doit pouvoir se pratiquer à la carte. Une religion n'a pas vocation à gouverner mais à proposer un point de vue ou une philosophie de vie. En résumé, le caractère facultatif d'une religion est fondamental.