Le tir d'essai, avant-hier, d'un nouveau missile iranien est venu raviver les craintes occidentales d'une République islamique nucléarisée.
Concrètement, ce nouveau missile de moyenne portée est capable d'atteindre une cible placée 2000 kilomètres, c'est-à-dire potentiellement Israël.
En fait, les Occidentaux craignent que le programme balistique de l'Iran puisse lui permettre de disposer de missiles équipés de têtes nucléaires, si Téhéran arrivait à se doter de l'arme atomique - ce qui constituerait alors, disent-ils, une menace pour Israël et l'Europe.
Mais encore faut-il, rappellent certains experts qui s'efforcent de calmer le jeu, que Téhéran ait l'intention d'utiliser ses capacités. Peut-être, disent-ils, ne s'agit-il que d'une arme de dissuasion pour se faire accepter dans le concert des grandes Nations. D'où la volonté d'apaiser les tensions et d'éviter une attaque contre l'Iran, dont les conséquences régionales seraient fatales.
A ce titre, je suggère aux lecteurs de ce blog interessés par le sujet la lecture de l'étude menée par Abdullah Toukan et Anthony Cordesman (du Centre d'études stratégiques et internationales de Washington), qui évaluent les risques d'une frappe israélienne en Iran.
La conclusion de ce rapport de 114 pages (dont on peut trouver un résumé détaillé dans les pages du journal Le Monde en date du 20 mai) appelle à la prudence.
"Une offensive israélienne contre les installations nucléaires iraniennes est possible, (mais) elle serait complexe et hautement risquée et rien ne garantit que la mission dans son ensemble se solde par un succès », préviennent ses auteurs, qui mettent en garde sur le manque d'information relative à la possession par Téhéran, ou non, d'installations secrètes d'enrichissement d'uranium.
Pour eux, une attaque pourrait, également, provoquer les effets inverses que ceux escomptés. Menacés, les Iraniens pourraient, en effet, être incités à poursuivre clandestinement - et même à accélérer- leur programme nucléaire. L'Iran risque aussi de se retirer du traité de non-prolifération des armes nucléaires qui, jusqu'à présent, a permis de surveiller dans une certaine mesure son programme nucléaire par l'intermédiaire des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
La rétorque iranienne n'est pas, non plus négligeable. Soit par lancement de missiles. Soit par activation de réseaux régionaux, comme le Hezbollah libanais ou le Hamas.
Grande nouveauté de l'administration américaine : à l'inverse de son prédécesseur George W. Bush, le président Barack Obama, semble aujourd'hui prendre en compte tous ces éléments pour tenter d'apaiser les tensions moyen-orientales. Si le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu reste convaincu qu'une résolution du conflit israélo-palestinien passe par un affaiblissement de la puissance iranienne - accusée de soutenir le Hamas, le Président américain serait tenté d'analyser le problème dans l'autre sens.
Voici quelques extraits de ses déclarations à la presse, à la suite de sa dernière rencontre avec Netanyahu, à la Maison Blanche :
"S'il existe un lien entre l'Iran et le problème israélo-palestinien, je crois personnellement qu'il va effectivement dans l'autre sens. Si nous pouvons établir la paix avec les Palestiniens - entre les Palestiniens et les Israéliens, alors je pense qu'elle renforcera notre position sur la communauté internationale pour faire face à une éventuelle menace iranienne ...
... Imaginez combien les dommages causés par le Hezbollah ou le Hamas pourraient être minimisés si, en fait, nous avions fait évolué la question israélo-palestinienne dans une direction qui redonnerait espoir au peuple palestinien ? Et si le Hezbollah et le Hamas sont affaiblis, imaginez l'impact sur la capacité de l'Iran à faire du tord, et vice versa... »