Un article très intéressant est paru sur le site canadien The Walrus , qui évoque le succès de la littérature sentimentale et plus particulièrement des collections Harlequin dans le monde entier. Des réponses sont apportées par le biais de plusieurs recherches et statistiques.
Tout d’abord, Don Gillmor explique que le sentimental représente 32 % des ventes de livres brochés grand public et dans ce domaine, c’est Harlequin qui mène la danse avec 130 millions de livres parus en 2007 et 5.6 milliards depuis 60 ans !
Le journaliste explique que le charme opère, selon les théoriciens, de part la dialectique naturelle, qui pose cette question : ces livres sont-ils perversement et même dangereusement anachroniques, pris au piège dans une structure datée, patriarcale ? Ou au contraire laissent ils plus de liberté : de la fiction écrite par des femmes pour des femmes, dans laquelle il y a toujours une fin joyeuse pour les personnages féminins ?
Don Gillmor compare le monde de la romance à celui du porno pour les hommes, et en déduit qu’il n’y a qu’une fine ligne entre les deux, ce qui aide à expliquer que chacun se soit transformé en une industrie multi milliardaire. Alors que les hommes ont des fantasmes d’adolescents où ils recherchent du sexe sans responsabilités, le fantasme Harlequin ressemble plutôt à des relations sexuelles ayant un sens et représente une connexion émotionnelle durable, et souvent la fin des responsabilités financières. La seule responsabilité de l’héroïne est d’aimer l’homme alors que le monde dépourvu d’amour de la pornographie est régi par la soumission et l’anonymat.
D’autres journalistes s’étaient penchés sur la question et Julie Bindel du Guardian avait écrit dans un article que les collections Mills and Boon perpétuaient une propagande de misogynie haineuse avec la soumission sexuelle de la femme envers l’homme. Quant à Andrea Dworkin, une écrivain féministe, elle avait été jusqu’à exprimer que les livres sentimentaux n’étaient ni plus ni moins que des viols embellis par des regards significatifs !
Dans tous les cas, on pourra dire ce que l’on veut, Harlequin ça marche ! L’entreprise a été crée en 1949 à Winnipeg et vendait au début des westerns, des policiers et de la romance sur le marché canadien. Puis en 1957, il devient distributeur en Amérique du Nord pour Mills and Boon, qui publiait déjà depuis les années 30 de la romance. Le genre étant très lucratif, Harlequin ne publiera que celui là par la suite et en 1971 rachètera Mills and Boon.
Alors en gros, Harlequin c’est le porno des femmes ?