L'hyperthyroïdie consiste en un hyperfonctionnement de la glande thyroïde. Elle provoque généralement un état de nervosité et d'agitation, des selles fréquentes et une accélération du rythme cardiaque. En hyperthyroïdie, l'activité de la glande thyroïde s'accroît de 60 % à 100 %, voire plus.
La maladie se déclare habituellement chez des personnes âgées de 20 ans à 40 ans. Cela dit, elle peut survenir à n'importe quel âge, et on la voit autant chez les enfants que chez les personnes âgées. Elle est moins fréquente que l'hypothyroïdie.
La glande thyroïde a la forme d'un papillon. Elle est située à la base du cou, sous la pomme d'Adam. L'influence de la glande thyroïde sur l'organisme est majeure : son rôle est de réguler le métabolisme des cellules de notre corps. Elle détermine donc la vitesse du « moteur » de nos cellules et organes et le rythme auquel seront utilisés les lipides, les protéines et les hydrates de carbone. Chez les personnes en hyperthyroïdie, ce moteur fonctionne en accéléré.
Les hormones thyroïdiennes sous contrôle
Les deux principales hormones sécrétées par la thyroïde sont la T3 (triiodothyronine) et la T4 (tétra-iodothyronine ou thyroxine). Toutes deux comprennent le terme « iodo », l'iode étant indispensable à leur production. La quantité d'hormones produites dépend d'autres glandes. C'est l'hypothalamus qui commande à l'hypophyse de produire l'hormone TSH (pour thyroid stimulating hormone). À son tour, l'hormone TSH stimule la thyroïde à produire ses hormones.
On peut détecter une hypo ou une hyperactivité de la glande thyroïde en mesurant le taux de TSH dans le sang. En hypothyroïdie, le taux de TSH est élevé, car l'hypophyse réagit au manque d'hormones thyroïdiennes (T4 et T3) en sécrétant davantage de TSH. Par ce moyen, l'hypophyse tente de stimuler la thyroïde à produire plus d'hormones. En situation d'hyperthyroïdie (lorsqu'il y a trop d'hormones thyroïdiennes), l'inverse se produit : le taux de TSH est bas parce que l'hypophyse perçoit l'excès d'hormones thyroïdiennes dans le sang et cesse de stimuler la glande thyroïde. Même au tout début d'un problème thyroïdien, le taux de TSH est souvent anormal.
Causes
Les principales causes
- La maladie de Basedow ou maladie de Graves (70 % à 85 % des cas). Il s'agit d'une maladie auto-immune au cours de laquelle des anticorps stimulent excessivement la thyroïde à produire plus d'hormones. La maladie s'attaque parfois aux tissus situés derrière les yeux ou, plus rarement, à la peau des pieds et des mollets. Cette maladie touche environ 1,2 % de la population aux États-Unis7.
- Un ou des nodules thyroïdiens toxiques. Les nodules sont des petites masses qui se forment dans la glande thyroïde, en solitaire ou en groupe (consulter notre fiche Nodule thyroïdien). Ce ne sont pas tous les nodules qui produisent des hormones, mais ceux qui le font (appelés « toxiques ») peuvent entraîner un état d'hyperthyroïdie.
- La thyroïdite. Si une inflammation touche la thyroïde, cela peut aussi causer un excès d'hormones thyroïdiennes dans le sang. Souvent, on ne connaît pas la cause de l'inflammation. Elle peut être de nature infectieuse ou survenir après une grossesse. Habituellement, la thyroïdite provoque une hyperthyroïdie de courte durée, car la thyroïde retrouve son fonctionnement normal après quelques mois, sans intervention. Des médicaments peuvent aider à soulager les symptômes en attendant que la maladie passe.
D'autres causes
- Certains médicaments, comme ceux qui sont riches en iode (par exemple, l'amiodarone, utilisé pour les problèmes cardiaques).
- Un trouble de l'hypophyse. Le mécanisme de régulation de la glande thyroïde par l'hypophyse peut être déréglé (par exemple, par une tumeur à l'hypophyse), causant une production excessive d'hormones thyroïdiennes. Cela se produit très rarement.
Complications possibles
L'hyperthyroïdie provoque une accélération du métabolisme, donc une dépense accrue d'énergie. À long terme, une hyperthyroïdie non traitée peut conduire à une crise thyréotoxique. Tous les signes d'hyperthyroïdie se trouvent alors réunis et s'expriment à leur paroxysme, ce qui peut entraîner des complications graves, comme de la fibrillation auriculaire et de l'insuffisance cardiaque. La personne est confuse et agitée. Cette situation requiert des soins médicaux d'urgence.
Par ailleurs, une hyperthyroïdie non traitée augmente, à long terme, le risque d'être atteint d'ostéoporose, car l'absorption du calcium par les os est affectée.
Diagnostic
Les symptômes d'hyperthyroïdie peuvent être subtils, surtout chez les personnes plus âgées. Seule une analyse sanguine montrant à la fois une baisse des taux de l'hormone TSH et une élévation des taux d'hormones thyroïdiennes (T4 et/ou T3) permettra de confirmer le diagnostic. L'apparition des symptômes énumérés ci-dessous devrait inciter à consulter un médecin afin d'obtenir un diagnostic juste.
Symptômes
Voici les principaux symptômes de l'hyperthyroïdie. Si l'hyperthyroïdie est légère, celle-ci peut passer inaperçue. De plus, les symptômes sont moins évidents à détecter chez les personnes âgées.
- Un rythme cardiaque rapide (qui dépasse souvent les 100 battements par minute au repos) et des palpitations cardiaques.
- Une transpiration excessive, et parfois des bouffées de chaleur.
- Des tremblements fins des mains.
- Une difficulté à trouver le sommeil.
- Des sautes d'humeur.
- De la nervosité.
- Des selles fréquentes.
- Une faiblesse musculaire.
- Un souffle court.
- Une perte de poids malgré un appétit normal ou même accru.
- Un changement dans le cycle menstruel.
- L'apparition d'un goitre à la base du cou.
- Une exophtalmie et les yeux irrités ou secs, en cas de maladie de Basedow.
- Exceptionnellement, une rougeur et de l'enflure de la peau des jambes, en cas de maladie de Basedow.
Personnes à risque
- Les femmes sont plus à risque : l'hyperthyroïdie frappe huit femmes pour un homme.
- La fréquence de la maladie semble être plus élevée dans les familles chez lesquelles on a déjà diagnostiqué un cas de maladie de la thyroïde.
Facteurs de risque
La médecine ne reconnaît pas de facteur de risque précis à l'hyperthyroïdie. Dans la plupart des cas, il s'agit d'une maladie auto-immune (maladie de Basedow) dont on ne connaît pas la cause exacte.
Certains experts croient que l'ajout systématique d'iode au sel de table pour prévenir la carence en iode et l'hypothyroïdie contribuerait à augmenter sensiblement l'incidence de l'hyperthyroïdie, mais seulement pour une minorité de personnes déjà à risque1.
On ne dispose actuellement d’aucun moyen de prévenir l’hyperthyroïdie.
Mesures pour prévenir les complications
Se reposer suffisamment
Avoir de bonnes nuits de sommeil et faire en plus des siestes en début d'après-midi, si nécessaire.
Alimentation
- Les personnes qui ont perdu du poids ou qui se sentent affaiblies ont tout avantage à adopter un régime alimentaire riche en calories et en protéines afin de compenser les dépenses caloriques que l'hyperthyroïdie a entraînées.
- Veiller à avoir un bon apport en calcium, car l’hyperthyroïdie contribue à appauvrir les os en minéraux.
- Prendre des repas moins copieux, mais plus fréquents.
- Éviter la caféine et les aliments qui en contiennent puisqu'ils stimulent l'organisme.
- Ne pas prendre de supplément naturel d’iode ou de multivitamines qui en contienne.
- Éviter les aliments très salés et les algues marines, car ils contiennent de fortes doses d'iode, ce qui peut affecter la synthèse d'hormones thyroïdiennes. Les fruits de mer ne sont pas contre-indiqués aux personnes atteintes d’hyperthyroïdie, même s’ils contiennent un peu d’iode.
Remarque. Certains aliments rendent l'iode inutilisable par la thyroïde : c’est le cas de toutes les plantes apparentées au chou (le chou-fleur, le brocoli, le navet, le rutabaga, la moutarde et le colza), du soya, du millet, de l'arachide et de la noix de pin. Cet effet est attribuable aux isothiocyanates qu’ils renferment. Cette propriété peut sembler intéressante pour les personnes atteintes d'hyperthyroïdie. Or, la teneur de ces aliments en isothiocyanates est trop faible pour contribuer au traitement de l’hyperthyroïdie2. Il faudrait en manger des quantités démesurées pour obtenir un effet thérapeutique. De plus, la cuisson inactive les isothiocyanates.
Prévenir et soulager les problèmes oculaires
Quelques conseils pour diminuer l'irritation des yeux, fréquente chez les personnes qui ont une hyperthyroïdie auto-immune (la maladie de Basedow) :
- cesser de fumer;
- éviter le vent direct dans les yeux;
- éviter la lumière vive en portant des lunettes de soleil, puisque les yeux sont plus sensibles aux rayons ultraviolets;
- utiliser des gouttes ophtalmiques lubrifiantes au besoin;
- appliquer des compresses froides sur les yeux, pour calmer l'irritation;
- surélever la tête durant la nuit avec un coussin afin de réduire la pression dans la région oculaire.
- consulter son médecin si les symptômes demeurent incommodants.
Traitements médicaux
Il importe, en priorité, de recouvrer l'euthyroïdie, c’est-à-dire le fonctionnement normal de la thyroïde, et ce, dans les plus brefs délais afin de soulager la personne atteinte et d'éviter les complications. Le traitement aux médicaments antithyroïdiens ou à l'iode radioactif permet généralement d'atteindre cet objectif en quelques mois, selon la gravité de l’hyperthyroïdie.
En cas d’échec de ces traitements, l’ablation chirurgicale de la thyroïde est parfois envisagée.
Chacune de ces solutions comporte des avantages et des inconvénients et la personne devra bien s'informer auprès de son médecin afin de prendre la décision la mieux adaptée à son cas.
Médicaments antithyroïdiens
Ces médicaments (propylthiouracile ou méthimazole) empêchent la production de nouvelles hormones thyroïdiennes, sans causer de dommages permanents. Ils rétablissent un taux normal d'hormones après deux à quatre mois de traitement. Souvent, la médication doit être poursuivie durant au moins un an. Il arrive qu’une hyperthyroïdie se manifeste à nouveau.
Traitement à l'iode radioactif
L'iode radioactif (à de faibles taux) permet de détruire de manière permanente une partie des cellules thyroïdiennes, de sorte que la glande thyroïde produise moins d'hormones. L'iode radioactif non absorbé par la glande thyroïde sera éliminé par l'organisme en quelques jours. Le traitement permet un retour à la normale après environ six mois.
Ce traitement provoque souvent un état d’hypothyroïdie. L’hypothyroïdie se traite beaucoup plus facilement que l’hyperthyroïdie. Des hormones thyroïdiennes de synthèse sous forme de comprimés pris quotidiennement permettent de corriger l’hypothyroïdie (Eltroxin®, Levothyroid® ou Synthroid®).
Les femmes enceintes ou qui allaitent ne peuvent recevoir un tel traitement, car l'iode radioactif peut nuire au fonctionnement de la glande thyroïde du foetus ou du nouveau-né. Par ailleurs, il est recommandé à une femme en âge de procréer de ne pas devenir enceinte durant les 6 à 12 mois suivant le traitement, afin d’éviter des effets nocifs sur le foetus.
Ablation de la thyroïde
L’ablation totale ou partielle de la glande thyroïde par chirurgie (thyroïdectomie) peut être envisagée, mais on y a rarement recours.
Traitements spécifiques
Pour soulager des symptômes bien précis, d’autres médicaments sont parfois employés, au besoin. Pour soulager les palpitations cardiaques et faire baisser la fréquence cardiaque, des médicaments bêta-bloqueurs sont parfois prescrits (par exemple, le propranolol).
Les troubles oculaires qui accompagnent la maladie de Basedow, lorsqu’ils sont graves, peuvent nécessiter un traitement par des corticostéroïdes (pour diminuer l'inflammation derrière l'oeil) ou par chirurgie (pour réduire la pression sur l'oeil). À noter : il se pourrait que les fumeurs répondent moins bien à ces traitements3. D’ailleurs, il est vivement recommandé de cesser de fumer en cas de symptômes oculaires causés par la maladie de Basedow.
L’opinion de notre médecin
L’hyperthyroïdie est une maladie très incommodante parce que ses symptômes affectent beaucoup la qualité de vie. De plus, elle peut avoir des conséquences graves sur la santé, notamment sur le coeur et les os. C’est pourquoi la personne qui en souffre est habituellement dirigée vers un endocrinologue, le spécialiste de la glande thyroïde.
Si vous en êtes atteint, sachez que l’hyperthyroïdie se traite assez bien en général. La clé de la réussite est de bien suivre les recommandations de votre médecin. Cela signifie, par exemple, d’aller faire vos prises de sang au moment requis, même si celles-ci peuvent être fréquentes, de prendre vos médicaments tels que prescrits et d’aller à vos rendez-vous de suivi. De cette façon, vous tirerez le maximum de bénéfices des soins médicaux.
Dre Maryse Brassard, M.D.
Bonne journée,
marie claude
ref: passeport.sante.com