Depuis le début de la campagne des élections du Parlement européen, les médias se penchent avec une feinte sollicitude sur ce pauvre Parti socialiste déchiré par la guerre des chefs et qui ne parvient pas à décoller. A les en croire, il serait même au bord de l'effondrement, menacé à gauche par Besancenot et à droite par Bayrou.
S'il est indéniable que l'unité du PS met du temps à se consolider, par contre le reste de l'analyse est outrageusement faux. Examinons les résultats des instituts de sondages IPSOS, Viavoice, IFOP et Opinion way, faisant état d'enquêtes réalisées entre les 15 et 18 mai. Ils oscillent entre 21 et 23,5% pour le PS, entre 27 et 29% pour l'UMP. Comme il ne s'agit évidemment que d'estimations, on ne les trahit pas en ne retenant que des valeurs moyennes. Le score s'établit alors à 22 contre 28%.
Reportons-nous maintenant aux résultat du premier tour de la dernière élection présidentielle, au soir du 22 avril 2007. Nicolas Sarkozy avait obtenu 31,2% des suffrages, Ségolène Royal 25,9%. L'avance de Sarkozy était de 5%, elle aurait bondi maintenant, selon des instituts à la neutralité douteuse, à 6%. Quel prodige ! Une UMP avec à sa tête un président qui a considérablement élargi ses pouvoirs, domestiqué la quasi-totalité des médias, réduit le premier ministre à l'état de fantoche, attiré dans ses rêts plusieurs personnalités du PS, une UMP qui fait désormais apparaître feu l'Etat RPR comme une aimable plaisanterie, tout ce que réalise ce parti gobe-tout, c'est augmenter son avance, dans des sondages, d' un gigantesque point.
Radicalisons encore la comparaison. En 2007, Mme Royal avait franchi la barre des 25%. Les derniers sondages la placent à 4% en deçà. Quand au Président de la République, qui avait dépassé le seuil des 30%, il le raterait, plus de 3% en deçà de son niveau du premier tour de la Présidentielle. Un soupçon d'équité devrait conduire ces vertueux médias, si prompts à manifester leur commisération à l'égard d'un PS, selon eux au bord de l'abime, à commenter la ridicule performance d'un parti visant une situation de parti unique, tout entier à la dévotion du Président, incapable malgré tous les tours de son chef, de séduire, non pas un tiers, mais ne serait-ce que 30% des électeurs.