Gloire, Daniel Kehlmann

Publié le 21 mai 2009 par Antigone

Ce recueil de nouvelles est présenté comme un "roman en neuf histoires" et il est à peu près cela, effectivement, ce livre, si l'on veut...un roman que l'on aurait découpé en neuf points de vue et morceaux d'un tout. Et pourtant, c'est autre chose... Personnellement, je préfèrerais dire que Gloire est un recueil de nouvelles dans lesquelles nous retrouvons, au fil des pages et comme par surprise, les personnages des nouvelles précédentes. L'auteur s'amuse beaucoup, avec nous, avec les protagonistes de ses histoires, et avec son écriture. Autant vous dire que les ressentis peuvent être variés à la lecture de ce livre... Personnellement, il m'a beaucoup plu.

Les thèmes en sont la célébrité, la création littéraire, la communication, l'anonymat et peut-être également le mensonge et la sincérité. Une critique de notre société aride et acide, sans concessions, qui ferait presque froid dans le dos si elle n'était aussi ironique.

Petit résumé en quatrième de couverture...
"Un homme ordinaire reçoit de nombreux appels destinés à une célébrité et se prend au jeu ; un acteur de cinéma ne reçoit plus d'appels et commence à douter de sa carrière ; un richissime écrivain de livres de sagesse renie tout ce qu'il a professé jusqu'alors ; une femme décide de mourir, et se révolte contre l'écrivain qui l'a inventée ; un écrivain de romans policiers se perd en Asie centrale où son portable ne fonctionne plus ; un cadre supérieur gagne, grâce à son portable, le pouvoir de ne plus se trouver là où on l'imagine ; et l'acteur du début, cherchant enfin l'anonymat, compte se servir de son double..."

Un extrait...qui m'a interpellée...et questionnée, aussi.
"Lire des livres, ce n'est pas un métier, voilà ce que m'avait dit un jour mon père, et, si grande qu'ait été ma colère en entendant cela, je ne dirai pas autre chose à mes enfants lorsqu'ils auront le même âge : lire des livres, ce n'est pas un métier. J'étudiai donc l'électrotechnique en me spécialisant dans la communication mobile, je me documentai sur les téléphones portables analogiques de l'époque (cela me paraît remonter à une éternité), les codes SID et MIM, et tous les systèmes permettant d'envoyer dans le monde entier une voix humaine en quelques millionièmes de seconde, j'entrai dans la vie active et m'habituai à la paresse des après-midi de bureau où flottait une odeur de café et d'ozone. J'eus d'abord cinq, puis sept, puis neuf personnes sous mon autorité, je constatai avec stupeur que les gens ne peuvent travailler ensemble sans se détester et qu'on ne peut leur donner d'ordre sans être haï par eux, je fis la connaissance d'Hannah que j'aimais plus qu'elle ne m'aimait, je devins chef de service avant d'être muté dans une autre ville ; c'est ce qu'on appelle faire carrière. Je gagnais bien ma vie, j'étais très seul, le soir je lisais des oeuvres latines avec l'aide d'un dictionnaire ou je regardais à la télévision des comédies entrecoupées par les rires d'un public fantôme et j'acceptais l'idée que la vie est ainsi faite et que les occasions de décider par soi-même restent rares."

Note de lecture : 4/5

ISBN 978 2 7427 8084 6 - 18€ - FEV 2009

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