Pierre Camou,
le président de la FFR l'a déclaré sans ambages, il veut des
victoires pour le XV de France, et si possible dès cet été.
" J'attends l'excellence et la victoire, malgré le respect que je
porte à nos adversaires. La période des expérimentations est
terminée. "
Le message est passé puisque les sélectionneurs n'ont appelé qu'un
seul nouveau pour la tournée estivale de l'Equipe de France, qui
conduira celle-ci en Nouvelle-Zélande le 13 juin à Dunedin, le 20
juin à Wellington, puis en Australie le 27 juin, à Sydney.
Le nouveau en question est difficilement contestable, et on
n'aurait pas compris qu'il ne soit pas du voyage. Avec son sacre
Anglais, et peut-être un succès Européen, Julien Dupuy figurait
comme un candidat incontournable à la sélection. C'est donc chose
faite, puisqu'il formera avec Morgan Parra le duo des neufs pour
l'Hémisphère sud. Depuis l'avènement du professionnalisme, les
voyages d'été du XV de France relève davantage du chemin de croix
que de la croisière de fin de saison.
Ce dernier avatar en date ne devrait pas déroger à la règle.
Beaucoup de joueurs seront fatigués par une saison longue et
éprouvante, alors que leurs adversaires seront en pleine forme, à
quelques semaines des fameux " Tri Nations ". Le sparring partner
Frenchies devrait donc, selon les augures modernes (Ladbrokes et
autres parieurs sportifs) encaisser les habituelles défaites, en
espérant éviter les humiliations.
Donc, dans ce contexte toujours délicat, Julien Dupuy tentera de
démontrer qu'il est plus qu'un faire valoir de fin de saison mais
bien un atout sérieux dans la manche de Marc Lièvremont.
On disait, un peu plus haut, que le message présidentiel (" Halte
aux expérimentations ! ") était passé. Pour autant, on ne saurait
affirmer que les sélectionneurs ont appelé uniquement des joueurs
blanchis sous le harnais.
Ainsi, le groupe des avant est composé d'internationaux aguerris,
mais également de capés de fraîche date ou qui n'ont pas goûté trop
souvent aux joies d'une sélection. Mais aux âmes bien nées, la
valeur n'attend pas le nombre des années. Aussi, on peut se dire
que Guilhem Guirado, au talon, Thomas Domingo (pilier petit format
et grosse activité) ou même Fabien Barcella, sont l'avenir d'une
première ligne qui sera par ailleurs dotée de joueurs très
expérimentés. Parmi eux, un ancêtre, en la personne de Sylvain
Marconnet, qui effectuera sans doute sa dernière tournée. A noter
le retour de "la bûche", William Servat, qui effectue (comme
toujours) une très bonne saison avec le Stade
Toulousain.
Du côté des deuxièmes et troisièmes lignes, une seule surprise (l'absence d'Elvis Vermeulen ne pouvant, désormais, être considérée comme telle), est le retour d'un Pascal Papé qui ne semble pourtant pas avoir retrouvé le niveau de ses débuts sous le maillot bleu.
Derrière, à part Julien Dupuy, donc, pas de nouveauté. Benoît Baby disparait de la liste sans qu'il y ait de quoi crier au scandale. Le staff tricolore a choisi de faire confiance à l'ossature qu'il a constituée depuis sa prise de fonction, ossature agrémentée des retour de Vincent Clerc et d'Alexis Palisson.
Le premier nommé encaisse les dividendes de son retour réussi à la compétition après sa grave blessure au genou. Le second bénéficie d'une confiance assez remarquable de la part des sélectionneurs, alors qu'il n'a pas réellement démontré sa valeur et, surtout, sa constance, au plus haut niveau. Mais il ya du potentiel, reconnaissons-le. Tout comme il faut reconnaître (espérer ?) que la densité physique d'un Mathieu Bastareaud pourra permettre aux trois-quarts Français de faire le poids face aux colosses des mers du sud. Notre "Ba'a Dodu" à nous, pour peu qu'il améliore son jeu de passe après contact, peut apporter des solutions intéressantes contre des équipes qu'on ne peut se contenter de fixer seulement au près pour prétendre les mettre en danger.
Pas de nouveau venu derrière, donc pas de Jérôme Porical, donc, dont Renvoi aux 22 avait fait un outsider pour cette tournée. La constance de Maxime Médard au poste d'arrière, la possibilité d'y aligner Cédric Heymans ou Alexis Palisson, les talents de buteur de Morgan Parra et de Julien Dupuy ont sans doute compté dans ce choix.
Au final, ce
groupe de trente joueurs paraît relativement solide et de nature à
rassurer les amateurs les plus exigeants, y compris le président
Camou. Pour autant, les fins de saison sont rarement propices aux
exploits. Aussi, on ne pariera pas sur une série victorieuse dans
l'hémisphère sud. D'autant que des doutes subsistent à certains
postes, comme la deuxième ligne ou la charnière et la capacité des
hommes clés de répondre présent. Car l'expérience n'est parfois pas
suffisante lorsque le physique ou l'envie ne sont pas là. Et la
lassitude pourrait bien, une nouvelle fois, contrarier les souhaits
de victoires exprimés par les dirigeants.
Ce risque de
lassiture pourrait en particulier se concrétiser lors du matche qui
se déroulera le 13 juin, une semaine seulement après la finale du
Top14, au terme d'une saison débutée en août dernier.
La liste des 30
Français:
Avants (16): Fabien Barcella (Biarritz), Thomas
Domingo (Clermont), Dimitri Szarzewski (Stade Français), Guilhem
Guirado (Perpignan), William Servat (Stade Toulousain), Sylvain
Marconnet (Stade Français), Nicolas Mas (Perpignan), Lionel Nallet
(Castres, cap), Sébastien Chabal (Sale/ENG), Romain Millo-Chluski
(Stade Toulousain), Pascal Papé (Stade Français), Louis Picamoles
(Montpellier), Imanol Harinordoquy (Biarritz), Julien Bonnaire
(Clermont), Fulgence Ouedraogo (Montpellier), Thierry Dusautoir
(Stade Toulousain)
Arrières (14): Morgan Parra (Bourgoin), Julien
Dupuy (Leicester/ENG), David Skrela (Stade Toulousain), François
Trinh-Duc (Montpellier), Maxime Mermoz (Perpignan), Yannick Jauzion
(Stade Toulousain), Florian Fritz (Stade Toulousain), Mathieu
Bastareaud (Stade Français), Alexis Palisson (Brive), Damien
Traille (Biarritz), Aurélien Rougerie (Clermont), Cédric Heymans
(Stade Toulousain), Vincent Clerc (Stade Toulousain), Maxime Médard
(Stade Toulousain)