dans le silence qui nous revendique
Tristan et Iseut, version de Pierre Dalle Nogare (1934-1984)
La lire, « telle quelle » sans appareil critique, est un pur bonheur, voyez ce court extrait des pp. 28-29 :
La voix qui s'échappe de [l]a gorge [de Tristan] pour prononcer : Iseut est un murmure où les mots s'enchaînent à ceux dont Iseut, à son tour, le pénètre:
- tu es mon asile et je viens en toi pour me déserter; parle afin que toujours en moi tu sois et que plus jamais je ne sois éloignée de nous je te regarde et ne me vois que par ta présence parle pour multiplier le Temps parle pour que la nuit ne cesse et que je ne souffre plus de ce mal de toi.
- je voudrais te voler à toi pour t’emporter Iseut, je t'aime et je vis nos ténèbres dans l'amertume de devoir te quitter j'ai le mal de toute chose loin de nous sur tes chairs je trace notre mémoire en quête d'un pays où nos souffles fécondent la terre et le ciel je suis seul en nous deux et tu invites ma mort tu es l'alliance et le temps où je me cherche.
L’adaptation de Pierre Dalle Nogare a été retenue par les éditions Oxus, elle est proposée avec une préface de Jean Cazenave.
©Ronald Klapka