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Guillaume Podrovnik, Boris Fleuranceau, Antoine Silvestri, Tout doit disparaître, Danger Public

Publié le 21 mai 2009 par Irigoyen
Guillaume Podrovnik, Boris Fleuranceau, Antoine Silvestri, Tout doit disparaître, Danger Public

Guillaume Podrovnik, Boris Fleuranceau, Antoine Silvestri, Tout doit disparaître, Danger Public

Guillaume Podrovnik et Antoine Silvestri sont-ils les descendants directs des situationnistes ? La question mérite d'être posée une fois que l'on a achevé la lecture de Tout doit disparaître qu'il ne faudrait toutefois pas confondre avec un roman d'André Pieyre de Mandiargues dont je vous parlais ici-même il y a quelques semaines.

L'action de cette bande-dessinée se passe en 2042. La société est contrôlée par des grandes entreprises qui ont pris la place dupouvoir politique. La chambre des députés s'est transformée en Assemblée Nationale des Actionnaires – Orangina, Coca-Cola, Shell, Lagardère, etc. -. Partout dans les rues la publicité agresse la vue et tente de pousser les consommateurs-citoyens à un acte d'achat érigé en valeur-suprême. Dans ce monde, les femmes ne valent guère mieux qu'un baril de lessive. Et à la bourse, on fait commerce de tout, y compris d'organes humains.

« Nous sommes bien éloignés de cette situation aujourd'hui » nous disent les auteurs de cette satire dédiée à Vincent Bolloré et que je vous invite à lire au plus vite si, comme moi, vous trouvez que l'absurdité de la société n’invite même plus à un sourire moqueur. J'ai beaucoup ri en découvrant ce travail auquel Boris Fleuranceau, un confrère de RFI, a également participé avant de mourir il y a près de deux ans. Oui, cette bande-dessinée a incontestablement actionné mes zygomatiques. Mais il s'agit-là d'un rire désespéré. Car tous ce qui est décrit ici est déjà en germe autour de nous: le pouvoir étouffant du marché, l'entreprise d'abrutissement généralisé dont sont responsables certains médias, le réflexe sécuritaire, etc.

La question posée par les auteurs pourrait se résumer ainsi: est-il trop tard ? Trop tard pour corriger le tir, à moins qu'il ne faille tout faire exploser ? N'ayant jamais cru à la révolution « spontanée » – ilme semble d'ailleurs que l'histoire montre assez d'exemples démontant cette notion – je suis en désaccord avec le message final des protagonistes – dont je ne pense d’ailleurs pas qu’il est le même que celui des auteurs -. Mais cet ouvrage d'anticipation invite tout de même à réfléchir collectivement sur les moyens dont nous disposons pour « changer la vie » comme prétendaient le faire les socialistes en 1981.

Si cette causticité vous plaît, pourquoi ne pas prolonger l’aventure en vous rendant sur le site des auteurs (>Lien). Le rendu est totalement ubuesque mais fait avec beaucoup de sérieux. Vous conviendrez avec moi que c’est rare, la tendance étant plutôt aux sites faits avec trois bouts de ficelles. J’aime tout particulièrement la rubrique « Journal du Futur » et « Le Sarkozy GPS ». Ce gros travail peut-il s’inscrire dans la durée ? Loin de moi l’idée de douter dusérieux de cette « entreprise ». Non, je me demande juste si une satire visant des personnages haut placés de notre – toujours – République sera permise à l’avenir. 


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