Y'a des fois où j'aurais juste envie de peser (que dis-je? Enfoncer! Écrabouiller!) le bouton "pause" et empêcher mes enfants de grandir. Juste au cas...
Au cas de quoi?
Au cas où ils vireraient mal. Peut-on arrêter de les aimer? Immense frisson. Grand questionnement.
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D'abord, il y a eu le cas de Guy Lafleur. Puis avant-hier, Lynette et Tom Scavo, dans Desperate Housewifes. Et là, il n'en fallait pas plus pour que ma machine à penser se mette à dérailler. Je me suis mise à penser à tous ces meurtriers (jeunes ou pas), ces délinquants profonds, ces violeurs, etc. Ils ont des parents. Tous, sans exception. Devant la pire monstruosité, qu'arrive-t-il de notre amour pour eux?
En plus d'avoir menti pour le couvrir, Lynette a juré qu'elle défendrait son fils, même si c'était lui qui avait volontairement déclenché l'incendie qui a tué 7 personnes. Chaque fois, je me demande si c'est possible. Peut-on passer par-dessus et continuer à l'aimer? Peut-on accepter? Pardonner? Comprendre? Excuser? Doit-on le faire?
Nos enfants all the way? L'amour inconditionnel, malgré tout? Franchement, je ne sais plus.
Cet été, je me promets de lire Il faut qu'on parle de Kevin de Lionel Shriver. J'ai toujours repoussé l'heure de cette lecture. Un coup de massue paraît-il. Une mère retrace l'itinéraire meurtrier de son fils qui a tué ses camarades de classe et un professeur dans une tuerie sans nom qui n'est pas sans rappeler Dawson, la Polytechnique et Columbine.
Quand je regarde mes enfants pellotonnés dans leur lit, je me dis que ça ne se peut pas. Mais un jour, ces fous furieux qui tuent sans remords apparents ont aussi dormi comme un ange au fond d'une bassinette surmontée d'un mobile d'oursons inoffensifs. Mon pire cauchemar.
Et puis, la folie ou la haine derrière un geste répréhensible doit amener son lot de culpabilité parentale. Une genre de décharge monstre. Aurais-je pu le deviner? Qu'est-ce que j'ai fait de pas correct? Où j'ai failli? Pourquoi? Des millions de questions doivent hanter les parents... qui n'y sont pour rie
Lynette disait: "Je vais t'aimer encore, ça ne changera rien." Je doute que ça puisse être vrai. Poser un geste abominable (je ne parle pas de voler un paquet de gommes), je pense que ce serait différent. Même si on renoue une corde brisée, il y aura toujours un noeud quelque part. Je ne pense plus que je serais capable de regarder mon enfant dans les yeux. Et l'amour, pour moi, ça part de là.