C’est décidé, je n’irai pas voter le 7 juin.
N’en déplaise à mes copains du PS, je ne déposerai pas de bulletin dans l’urne, ni pour le Parti socialiste dit Européen (PSE) pour la circonstance, ni pour aucun autre parti. Si j’avais voté en Ile de France, je crois bien que j’aurais voté pour Daniel Cohn-Bendit et Eva Joly, donc pour la liste des Verts. Mais je suis dans une de ces pseudo-régions qui ne correspond à aucune réalité géographique, économique ou identitaire, un fourre-tout baptisé « Ouest » ou « Grand Ouest », je ne sais même plus. Tout comme j’ai oublié aussi le nom de la camarade Bigoudi, l’eurodéputée sortante et tête de liste PS visible un peu dans la presse locale en ce moment, et qui m’envoie pourtant régulièrement des nouvelles de ses bonnes actions européennes. Consciencieusement, je dépose ses courriers que je n’ouvre même plus sur la pile des papiers destinés au tri sélectif. Mine de rien, j’ai la fibre écolo…
Mais y’en a marre ! Marre du politiquement correct européen. Marre de voir le suffrage universel bafoué : vous vous rappelez le rejet du projet de TCE par référendum et puis le tour de passe-passe du traité de Lisbonne ? Marre de cette caste de députés hors sol, assemblage composite d’eurocrates sincères et de politiciens en disgrâce (Dati) ou infoutus de se faire élire dans une circonscription (Peillon). Et qu’il semble loin l’Empire européen ! Qui donc connaît l’eurodéputé(e) de son secteur, à moins qu’il n’ait quelque subvention à quémander à ces lointains députés-guichets ? Désolé, mais moi je n’ai pas envie cette fois de leur faire l’aumône de mon suffrage… Quant aux prétendus « programmes » ou « manifestes », ils ne donnent à lire que l’habituel brouet incantatoire sans toujours nettement prendre position (Fillon avait ainsi beau jeu de pointer le flou du PS sur la question de la Turquie).
Je suis pourtant fort attaché au droit de vote, à cette parcelle de pouvoir décisionnel que confère à chacun notre citoyenneté. Je sais les combats passés pour sa conquête. Et c’est bien la première fois depuis que j’ai déposé mon premier bulletin, en 1981, que je bouderai ostensiblement les urnes. Il n’empêche que renoncer délibérément à son exercice n’est pas insignifiant : au contraire ! Puisse l’ampleur de l’abstention faire réfléchir les professionnels de la politique et leur donner un salutaire coup de pied au cul pour améliorer leur fonctionnement et leurs offres programmatiques ! Paradoxalement, ce serait peut-être un bon moyen de revivifier un pacte démocratique qui se délite…