Wall Street
La banque centrale, qui n'avait pas abaissé ses taux depuis plus de quatre ans, a indiqué qu'elle entendait par là limiter les répercussions sur l'ensemble de l'économie de la crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis.
La réaction sur les marchés s'est faite immédiatement sentir. La Bourse de New York, l'euro et les cours du pétrole ont bondi mardi.
La monnaie européenne a atteint un nouveau record historique à 1,3979 dollar pour un euro, de même que le baril de pétrole qui est monté à 82,16 dollars sur le marché new-yorkais.
Vers 18h55 GMT, le Dow Jones Industrial Average (DJIA) bondissait de 1,92% (+256,87 points) à 13.660,29 points et l'indice composite du Nasdaq progressait de 2,12% (+54,64 points) à 2.636,30 points.
L'indice élargi Standard and Poor's 500 prenait, quant à lui, 2,24% (+33,04 points) à 1.509,69 points.
Surprise à Wall Street
Une décision si énergique de la part de la Fed, en l'absence de signe évident d'un ralentissement de l'économie américaine, devrait alimenter les spéculations sur la possibilité de nouveaux assouplissements monétaires dans un avenir proche.
Le comité de politique monétaire de la Fed a voté à l'unanimité en faveur de cette baisse de 5,25% à 4,75% du taux des fonds fédéraux, soit le taux de refinancement interbancaire au jour le jour -celui que se comptent les banques entre elles. Les banques devraient à présent emboîter le pas à la Fed en abaissant leur principal taux d'intérêt (prime lending rate), fixé à 8,25% depuis 15 mois.
La décision de la Fed en a surpris plus d'un à Wall Street, qui misait en moyenne sur une réaction plus mesurée. Parmi les institutions financières interrogées par Dow Jones Newswires la semaine dernière, onze s'attendaient à une baisse d'un quart de point et seulement sept misaient sur un relâchement d'un demi-point.
La Fed a en outre annoncé une nouvelle baisse, également d'un demi-point, de son taux d'escompte, celui qu'elle applique aux banques qui s'adressent directement à elle pour des refinancements à court terme. Ce dernier passe ainsi de 5,75% à 5,25%.
Soutenir la croissance
Saluée par Wall Street, la décision de la Fed est destinée à soutenir la croissance en allégeant les coûts d'emprunts pour des millions de consommateurs et entreprises.
La Fed avait déjà abaissé le taux d'escompte d'un demi-point le mois dernier, afin d'apaiser les banques en proie à la crise de liquidités déclenchée par les problèmes de prêts immobiliers à risque.
La banque centrale a également souligné dans son communiqué que l'inflation de base s'était améliorée "modestement" et que certains risques persistaient sur ce front. Mais la préoccupation actuelle est clairement la croissance.
Le dernier épisode d'assouplissement monétaire aux Etats-Unis remonte au mois de juin 2003, lorsque la Fed avait baissé ses taux d'un quart de point.
L'importance de la baisse consentie mardi par le FOMC démontre que les banquiers centraux américains s'inquiètent d'une contagion des problèmes financiers, liés aux prêts immobiliers à surprime, à l'économie réelle. Et ce, même si les signes d'une telle répercussion ont été rares jusqu'à présent.
Baisse de l'emploi aux Etats-Unis
L'économie américaine a bien ralenti, mais rien n'indique qu'elle soit proche d'entrer en récession. Les prévisions continuent à osciller autour de 2% à 2,5% pour la croissance du PIB américain.
Cela n'a semble-t-il pas suffi à rassurer les membres de la Fed. "La croissance économique a été modérée pendant le premier semestre, mais le resserrement des conditions de crédit rend possible une intensification de la correction immobilière et (risque) plus généralement de restreindre la croissance économique", a considéré la banque centrale dans son communiqué.
Les responsables de la politique monétaire américaine ont notamment été effrayés par la destruction de 4.000 emplois au mois d'août aux Etats-Unis, la première baisse de l'emploi enregistrée dans le pays depuis quatre ans