- C'est aussi être désocialisé dans la mesure où vous disparaissez du monde du travail qui est, rappelons le, le premier lieu de socialisation avant même la famille compte tenu du temps passé et de l'énergie dépensée.
Que vous soyez le seul à avoir été licencié ou avez fait partie d'un plan social, le résultat est le même, vous ne voyez plus personne et si vous êtes dans les premiers temps attentif au téléphone (dont on s'assure que la batterie est toujours bien chargée) quelques mois plus tard, on sait qu'il ne sonnera plus que pour des contingences familiales.
- Au travail, même sans être syndiqué on peut discuter avec ceux qui le sont et pourquoi pas s'investir dans cette "mission"
Et oui, finis les échanges avec les collègues syndiqués. Les syndicats (à part la CGT chômeur) subitement ne vous comptent plus dans leurs rangs. A quoi ça sert un mec ou une nana qui ne peuvent plus faire pression sur la direction ou faire grève ?
- Et, le travail c'est (probablement à tord en ces temps de mutations économiques) c'est selon les salariés le premier lieu d'épanouissement personnel
C'est le plus lourd pour tous les chômeurs. Car, même si on se lève de bonne heure le matin et qu'on continue à se rendre chez le marchand de journaux ou à se connecter avec son ordinateur sur les sites de recrutement, on s'aperçoit vite que le rythme qu'on s'est imposé pendant les années travail manque et qu'on ne sait pas faire grand chose d'autre.
ça c'est pour le monde du travail et ses acteurs. Mais quand on aborde le domaine politique, c'est encore plus grave.
Si la droite parlementaire vous explique, au grand dam de vos oreilles médusées :
- qu'il faut privilégier les heures supplémentaires,
- que la durée d'indemnisation doit être réduite pour permettre un retour à l'emploi
- que la valeur travail doit être réhabilitée
- que l'abandon progressif du droit du travail et que la flexibilité sont des outils pour l'emploi
- que le cumul emploi retraite est bénéfique pour le pouvoir d'achat
- que le bénévolat est un chemin comme un autre vers la professionalisation
Et dans le programme des élections européennes ?
- Développer de nouvelles solidarités et protéger les salariés
- Redynamiser les bassins industriels
On se demande d'ailleurs pourquoi le gouvernement sort de sa manche ces deux arguments électoraux alors que le discours quotidien de ses membres et en totale contradiction avec ces propositions.
Au Parti Socialiste, premier parti d'opposition parlementaire, on attends toujours des discussions et propositions précises sur le sujet. En attendant, on a le droit à
- la sécurisation des parcours
- la formation à vie
- la flexisécurité à la "nordique"
Et dans le programme des élections européennes ?
- un plan de relance renforcé pour l'Europe, avec des investissements coordonnés en matière d'emploi et de croissance verte
- un pacte européen pour l'emploi afin de préserver l’emploi, de créer de nouveaux emplois de qualité, de lutter contre le chômage de masse et de renforcer les droits des travailleurs, les conditions de travail et l'égalité de salaires
Des machins, encore des machins qui n'aboutiront de toute façon pas puisque le centre droit (auquel appartient le MODEM) et la droite seront toujours majoritaires au parlement européen et continueront à appliquer leur programme libéral. En attendant, aucune solution claire, précise et durable sur l'emploi de ceux qui l'ont perdu ou vont le perdre.
Alors, lorsqu'on est chômeur et qu'on se sent abandonné des pouvoirs publics, des partenaires sociaux et des partis politiques établis, il n'existe que deux solutions :
- Celle de Coluche qui disait : "un chômeur qui vote, c'est comme un crocodile en visite chez un maroquinier"
- Celle du votre protestataire qui consiste à voter pour les extrêmes, histoire de donner le frisson à la classe politique en place.
Foutre le bordel est parfois la seule solution qui vient à l'esprit pour qu'on cesse de vous associer à des statistiques. Et ces derniers temps, augmentation croissante du chômage oblige, la tentation de "renverser la table" est très forte.
En ce qui concerne le vote protestataire, nous tirons notre chapeau au journal La Croix, qui est à ce jour le seul à s'être intéressé aux intentions de vote des chômeurs au travers d'une étude IFOP. Nous vous en donnons ci-dessous le résumé (Etude complète)
Selon une étude de l’Ifop pour « La Croix », les chômeurs penchent plus à gauche que l’ensemble des salariés. Cette tendance profite plus aux partis radicaux qu'au parti socialiste.
Avec la crise, le nombre de chômeurs augmente, leur poids électoral aussi. De quoi rendre les partis nerveux, à l’approche des élections européennes. Pourtant, une étude de l’Ifop pour La Croix (1) montre que cette catégorie ne réagit pas foncièrement différemment de l’ensemble du corps électoral, même si elle présente des singularités. On y retrouve un décrochage de la popularité de Nicolas Sarkozy plus marqué que dans l’ensemble de l’opinion mais aussi une méfiance supérieure vis-à-vis du PS. On y observe, surtout depuis ces derniers mois, une très vive désaffection pour le FN, accompagnée d’une percée fulgurante de l’extrême gauche.
« Le chômage radicalise le positionnement politique », note Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l’Ifop. Ainsi, dans les catégories qui penchent le plus naturellement à gauche, le chômage semble intensifier ce sentiment. Durant l’année 2008 et ce début de 2009, 50 % des ouvriers salariés se disaient ainsi proches de la gauche. Ils étaient 5 points de plus parmi les ouvriers au chômage.
Le même mouvement se retrouve chez les employés où la proximité avec la gauche progresse de 5 points chez les demandeurs d’emploi (53,4 % contre 48,9 %) et se voit même accentué dans les professions intermédiaires. Chez les cadres, en revanche, c’est le mouvement inverse qui s’opère : la gauche séduit 42 % des salariés mais seulement 37,5 % des chômeurs tandis que la droite a les faveurs de 30 % des salariés et 32 % des chômeurs.
La proximité avec le PS est au plus bas depuis dix ans
Ce déplacement vers la gauche ne profite toutefois pas à l’ensemble de l’opposition. Au contraire, même. Chez les salariés, la proximité avec le PS est au plus bas depuis dix ans. Chez les chômeurs, la désaffection est encore plus marquée. « Le PS avait regagné de la confiance chez les salariés et les chômeurs, notamment durant les années Raffarin et lors du mouvement contre le contrat première embauche. Mais celle-ci s’est érodée depuis la présidentielle de 2007 au point que nos études montrent que les Français ne pensent pas que le PS ferait mieux contre la crise que l’actuel gouvernement », détaille Jérôme Fourquet.
Si la poussée de la gauche parmi les demandeurs d’emploi ne bénéficie guère au PS, elle fait cependant le bonheur de l’extrême gauche. La gauche radicale profite du climat social et voit sa cote monter en flèche au détriment de l’autre pôle contestataire, celui de l’extrême droite. Le mouvement de balancier est saisissant. Entre 2008 et début 2009, l’attirance pour le FN a été divisée par deux chez les chômeurs. Au même moment, la proximité revendiquée avec l’extrême gauche doublait. « Dans l’opinion, ce sont les bonus, les stock-options, les parachutes dorés qui suscitent la colère. Plus personne ou presque ne met le chômage sur le dos de l’immigration, comme cela a parfois été le cas », analyse Jérôme Fourquet.
Le Pen eclipsé par Besancenot
Le débat a donc quitté le terrain de prédilection du FN pour se tourner vers la contestation du système capitaliste. Dans ce combat-là, Jean Marie Le Pen n’est pas le mieux placé, ni le plus légitime. Il se retrouve donc éclipsé par d’autres voix et singulièrement par celle d’Olivier Besancenot. Fort de son aisance médiatique, de ses nombreuses visites sur le terrain, de relais militants dans les luttes sociales, le leader du NPA profite pleinement de la crise pour s’imposer comme le chef de file de la contestation.
À première vue, le paysage politique chez les chômeurs pourrait presque satisfaire Nicolas Sarkozy, avec une extrême gauche mettant en difficulté un PS toujours en panne de crédibilité. Mais lui-même ne sort pas indemne de la montée du chômage. Parmi les demandeurs d’emploi, sa cote s’est effondrée encore plus brutalement que dans l’ensemble de l’opinion. « Le chef de l’État conserve un socle de gens soudés derrière lui contre vents et marées, y compris parmi les chômeurs, constate Jérôme Fourquet. Mais il a vu se détourner de lui tous ceux que son activisme a pu séduire au départ et qui contestent aujourd’hui les résultats de sa politique. »
Transmis au Parti Socialiste qui devrait simplement retrouver ses fondamentaux et cesser de chercher le nom du prochain candidat pour 2012, avant l'explosion sociale qu'il sera malaisé, voir impossible, de prendre en route ....
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