La Finlande et la Corée obtiennent de meilleurs résultats que la France en étant plus économes et avec des journées allégées.
EN FRANCE, les élèves du secondaire ont beaucoup d'heures de cours, quand les professeurs sont moins longtemps devant leurs classes que dans les autres pays développés. Ce paradoxe explique « en grande partie » le niveau élevé des dépenses par élève dans l'enseignement secondaire français, selon le rapport annuel de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) présenté hier.L'ampleur de cet écart entre l'emploi du temps des élèves et celui des profs est « beaucoup plus prononcée en France que dans un grand nombre de pays de l'OCDE », selon le rapport. Il est surtout plus élevé que dans les pays nordiques, connus pour les très bons résultats dans les tests de niveau internationaux comme Pisa.
Ces constatations arrivent à point nommé pour le gouvernement, qui songe à diminuer le nombre d'heures de cours et étudie les conditions de travail des enseignants. Si le nombre d'heures de cours par enseignant est plus faible que la moyenne, c'est en partie que les profs français travaillent plus que leurs collègues de l'OCDE hors des salles de classes. Ils corrigent souvent leurs copies chez eux. Côté élèves, le nombre d'heures explose surtout au lycée, avec l'apparition de « multiples options » : un lycéen de 15 ans suit en France 131 heures d'instruction obligatoire supplémentaires par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE. Cet écart est de 61 heures pour les élèves âgés de 12 à 14 ans, soit 1 h 45 de plus par jour qu'en Finlande, par exemple !
Bernard Hugonnier, directeur de l'éducation à l'OCDE, suggère que ce temps puisse être utilisé différemment, par exemple pour du soutien scolaire systématique, dont l'efficacité a été prouvée dans de nombreux pays.
« Ne pas appauvrir le système »
La Corée et la Finlande obtiennent de meilleurs résultats en étant beaucoup plus économes que la France. Toutefois, Éric Charbonnier, de l'OCDE, estime que réduire les dépenses sans apporter d'innovations pédagogiques ne serait pas productif. Il évoque ainsi la tradition française du redoublement absente en Finlande, qui préfère multiplier les dispositifs de soutien. L'allégement, ou la simplification des programmes, peut être une bonne idée « mais il ne faut pas appauvrir encore le système d'éducation, la qualité des formations et le niveau moyen de performance », prévient-il. Selon lui, supprimer le collège unique ne devait pas se traduire par une « différenciation » précoce entre enseignement général ou professionnel, comme cela se pratique en Allemagne ou en Autriche, ce qui « augmente les inégalités sociales » de départ, mais par un collège qui accueille tous les élèves en adoptant sa pédagogie.
Autre explication du coût du système français, la rémunération des personnels non enseignants. En France (comme au Danemark ou au Royaume-Uni), les rémunérations de certains personnels (chefs d'établissement, conseillers d'orientation, infirmières scolaires, chauffeurs de car) représentent 20 % des dépenses de fonctionnement, alors qu'elles ne dépassent pas 10 % en Autriche, en Corée ou en Irlande. En revanche, le salaire des enseignants français se situe en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE.