Je ne reviendrais pas ici sur la loi elle même, son côté big brother et ses atteintes à la liberté. Pour cela le site de la Quadrature du net est très bien documenté.
Je vais plutôt revenir sur la défense de cette loi par quelques majors et artistes.
Que l'argument lié à la rémunération en tant que telle (un artiste doit pouvoir vivre de son art) est bien entendu audible, celui contre la licence globale, qui selon ses détracteurs est une "collectivisation de la culture" à de quoi laisser dubitatif.
Qu'est ce que la culture ? Serait ce un bien universel qui doit être partagé par le plus grand nombre ou un bien commercial comme un autre ?
C'est bien sur cette dichotomie que repose les choses. La loi HADOPI est avant tout un renforcement de la vision de la culture comme bien commercial. Loin de voir la culture comme un "moyen de faire progresser l'humanité", les défenseurs la voient comme un moyen de faire de l'argent et de segmenter l'humanité (que celui qui en a les moyens se cultive, les autres ...)
Et c'est là que le pire se produit : au nom des valeurs de gauche (sic) des artistes en viennent à défendre une loi qui impose de rendre la culture élitiste ! Où est passé leur idéal de gauche ? La capacité à vouloir l'universel ? Ont ils oublié que l'une des première revendication des mouvements dits de gauche est l'accès à la culture pour tous ?
C'est cela qui m'a le plus choqué dans tout cela. Le retournement des valeurs, né d'une envie de garder un train de vie petit bourgeois. Ces artistes sont justes de riches personnes qui s'accrochent à leurs privilèges. Se disant de gauche, ils reproduisent pourtant le réflexe petit bourgeois habituel du nanti.
Car la licence globale fait peur pour une chose en particulier : sa capacité à imposer la solidarité entre les artistes et la fin de la main mise des majors et autres sur la production. Un vrai retour de la culture vers le peuple, pour le peuple. C'est cela qui fait peur à pas mal de requins et nantis. Et donc oui, une collectivisation. Soit un accès pour tous à la culture.
Encore une fois, nous retrouvons le schéma habituel de puissants ne souhaitant pas que le peuple ait accès à ses privilèges... HADOPI est donc une loi de droite, liberticide et protectrice des puissants. Mais certains osent la défendre et se dire de gauche...