La musique est d’autant plus présente que Jean-Claude Dubois dédie le recueil à
la violoncelliste Emmanuelle Bertrand et au pianiste (interprète des Nocturnes)
et compositeur Pascal Amoyel, qui jouent régulièrement ensemble. En outre,
c’est l’enregistrement d’Anner Bylsma qui est retenu pour les Suites de Bach et
l’interprète devient un personnage du texte.
Leurs adorables livre ce qu’un
amoureux de la musique peut ressentir en se donnant à des œuvres. Et les mots
disent, évidemment, autre chose que la musique. Ainsi des Nocturnes : nuit
dite, certes, mais aussi le manque, l’absence, et des questions sans réponse,
parce que l’on n’écrit pas la douleur ou la mort, ni même sans doute ce qu’est
un visage. La musique, d’une certaine manière, fait sortir de la réalité :
« Oui, il faisait nuit / et je ne le savais pas. / La musique ne m’avait
rien dit », et il peut être difficile d’y revenir (« où aller sans
l’œuvre ? »). Elle apprend aussi que cette sortie du monde est
nécessaire (« Il me faut être seul »), non seulement pour écouter
Schubert, mais pour se (re)connaître, pour rejoindre autrui – oublier dans la
musique pour mieux voir et entendre : « Tout est vivant parce que
j’ai peut-être fermé les yeux pour tout le monde ».
©Tristan Hordé
Jean-Claude Dubois,
Leurs adorables, Chopin, Bach, Schubert,
Cheyne éditeur, 2007, 14,50 euros.
Jean-Claude Dubois, né en 1955, vit dans le nord de la France. Il a obtenu le prix Roger Kowalski pour son premier recueil de poèmes, Le Bois d’absence (1988), publié aux éditions Cheyne.
Le Bois d’absence,
Cheyne, 1988
L’Épine et sa mésange, Cheyne, 1993
Le Silence parle ma langue,
présentation critique de vingt-quatre poètes du Nord-Pas-de-Calais, éditions
Rétro-Viseur, 1998
Le Canal, Cheyne, 1999, réédition
2001
Leurs adorables, Chopin, Bach, Schubert,
Cheyne, 2007