Allez, un petit bouquin parce qu’ils ne sont pas légion, ceux que je lis. Et surtout, ceux pour lesquels j’arrive au bout.
Je l’ai lu pendant mes dernières vacances. En 3 jours. J’alternais avec mon ‘tain de compte-rendu de comité. Autant dire tout de suite que j’ai adoré le bouquin. Forcément.
L’histoire est somme toute banale. Une femme mariée et maman d’une petite fille tombe amoureuse d’un autre homme. Ma foi, jusque-là, rien de transcendant.
Ce qui m’a plu, c’est son écriture. Cette simplicité avec laquelle elle décortique les relations humaines, les liens de cause à effets tout ce qui fait que la vie évolue et nous change.
Un petit bijou, très émouvant et ça pour moi c’est un bon critère.
« Ce n’est pas que la vie était malheureuse. Il y a eu des moments heureux, de la gaieté. Mais parfois, ce qu’on vit et ce qu’on éprouve ne coïncident pas. Il y a comme une distorsion, et vous ne savez pas d’où elle vient… Vous ne savez plus ce qu’est le réel : si c’est ce que vous vivez, les faits, les situations. Ou ce qui vous habite, au-dedans de vous, et que vous ne pouvez expliquer à personne… C’est comme si quelque chose mourait en moi lentement. Et j’ai pensé, souvent, que rien ne me sauverait de ça, de ce long enfoncement vers la vie qui ressemble à la mort.
(…) Je sais que le regard que vous avez posé sur moi dès la première nuit est le regard de celui qui connaît ça, la vie fragile, qu’on ne sait comment retenir, la vie qui vous file entre les doigts, qui perd son battement, sa pulsation. Un jour on se dit que c’est fini, elle ne reviendra plus, notre tour est passé, on a été vivant, traversé par des énergies, des espérances plus grandes que soi, des rêves qui nous dressaient vers le ciel, et on est devenu autre chose, non plus dressé mais courbé, quelque chose entre le mort et le vivant, comme une poupée dont le mécanisme s’est cassé et qui désormais ne danse plus et reste immobile, les yeux éteints ; et puis si, la vie revient, c’est comme si elle s’était plu à nous jouer un tour, elle revient, c’est violent, fulgurant, ça vous coupe le souffle et vous fait monter les larmes aux yeux, alors on comprend qu’on ne saura jamais rien de ça, de cette vibration mystérieuse, la vie qui peut soudain nous abandonner puis parfois nous reprendre, nous rendre au présent. Oui, je me souviens de votre premier regard sur moi, doux et mélancolique, où tout ça se lisait parfaitement, et c’est peut-être d’abord pour lui, pour ce regard qui trahissait tant de chutes et pourtant irradiait, que je vous ai aimé, d’un coup, totalement. »
« J’éprouve pourtant toujours au fond de moi, comme un sanglot que je cache à tous, le même besoin de consolation. Mais je crois avoir compris que personne, jamais, ne pourra me consoler. On devrait peut-être apprendre aux enfants qu’on reste à jamais inconsolable. Que ça ne sert à rien de chercher ça. Que ça n’existe pas. Que c’est un rêve qui n’existe pas. »