La liaison entre Calixthe Beyala et Michel Drucker, de 2004 à 2006, était un secret de polichinelle. Même moi, à Madagascar, j'en avais été informé!
Lequel Michel, emporté je suppose par un élan amoureux incontrôlable, prenait sa plus belle plume pour écrire dans Le Nouvel Observateur un éloge du livre.
(Qui lui était dédié, je vous le rappelle. Et Michel Drucker signant dans Le Nouvel Observateur, cela vous semble normal? Et Le Nouvel Observateur publiant un article positif sur Calixthe Beyala, voilà qui n'est pas moins étrange - j'y reviens.)
Et Michel, donc, d'affirmer: "Je garderai longtemps l’empreinte de «la Plantation»", un "roman dense, palpitant et émouvant" où "tous les ingrédients d’une saga télévisée populaire de prestige sont réunis. On imagine déjà l’adaptation à l’écran de ce roman flamboyant où tous les caractères sont traités, cynisme, ressentiment, jalousie, hypocrisie, cruauté et racisme, bien sûr."
Voilà une admiration franche et massive, ou je ne m'y connais pas.
Ceci dit, j'aimais aussi beaucoup ce roman.
On aurait pu en rester là.
Mais non. Il a fallu que Calixthe Beyala en fasse un roman, L'homme qui m'offrait le ciel - le plus mauvais de tous ceux que j'ai lus d'elle (à peu près tous).
Dans ces cas-là, je le précise au cas où un(e) ami(e) écrivain(e) lirait ceci, j'oublie tout de l'amitié. Seul compte le livre, et le livre raté pour le cas qui nous occupe. J'avais donc écrit un bref article:
Sur la jaquette, Calixthe Beyala a les yeux revolver. [Il s'agissait de la couverture originale, pas celle-ci, choisie pour la réédition en poche.] Dans le livre, à peine un roman, elle tire à balles réelles sur son amant envolé. Autant dire sur une ambulance. La colère, mauvaise conseillère, relève tous les défauts de «François», même au plus intense de l’histoire d’amour. Le point de vue n’est pas décalé pour un effet littéraire recherché mais par maladresse dans la construction. Douloureuse, probablement. Mais avait-on envie de partager cette douleur?
François, vous l'aurez compris, c'était Michel...
Au Nouvel Observateur (j'avais promis d'y revenir), Baptiste Touverey ne pense pas comme moi - ce qui est bien son droit. "Bienvenue dans la banlieue vue par Calixthe Beyala, un monde où tout sonne faux", écrit-il. Concluant: "Mais comment être touché par une telle surenchère de clichés? Rien n'échappe à l'artificialité, ni les personnages caricaturaux ni l'intrigue, à la fois invraisemblable et cousue de fil blanc (un tour de force!). Reconnue coupable de plagiat en 1996 pour son "Petit Prince de Belleville", Calixthe Beyala ne devrait pas être inquiétée cette fois-ci."
(C'est beau, une brillante descente en flammes, non?)
Je note au passage, et vous l'aurez noté avec moi, le rappel du plagiat pour lequel l'écrivaine avait été condamnée. Faut-il le préciser? Il n'en était pas question dans les quelques lignes accompagnant l'article de Michel Drucker dont je parlais plus haut. Là, tout était élogieux:
Calixthe Beyala a écrit de nombreux romans à succès chez Albin Michel, et notamment «les Honneurs perdus», qui a reçu le grand prix du roman de l’Académie française. Elle est traduite à l’étranger et étudiée dans les universités américaines.
Et c'est pourquoi j'en parle. D'une part donc parce qu'elle est devenue publique. (Enfin, Michel Drucker pourrait encore nier.) D'autre part parce qu'on voit clairement à présent le rôle qu'a joué cette liaison dans le miraculeux article de Michel Drucker sur La plantation.
L'image lisse de l'animateur télé en sera-t-elle froissée?
Bah! Il s'est lui-même si souvent présenté en vilain petit canard de la famille qui faisait le désespoir de sa maman (consolée, heureusement, par les succès de ses frères), qu'après tout...