Au moment où Netanyahou rencontre Obama pour, espérons le, une confirmation
que les Etats-Unis ont définitivement abandonné l’attitude stupide et
criminelle consistant à soutenir Israël contre vents et marées même dans ses
pires exactions et sans rien imposer en échange, je voudrais revenir sur la
récente visite du Pape en « Terre sainte ».
Que va-t-on retenir de ce premier voyage Benoît XVI ? Que, comme l’a
titré Le Monde ainsi qu’un certain nombre d’autres journaux, le Pape « a
déçu les Israéliens et réconforté les Palestiniens » ?
On sent bien dans la formulation et les adjectifs utilisés, que ce voyage
n’est pas vraiment considéré comme une réussite par les observateurs
« avertis » !
D’une part c’est : Trop froid le Pape, il n’a pas trouvé les mots qu’il
fallait, il ne s’est même pas excusé pour les crimes commis par son pays
pendant la seconde guerre mondiale et puis de quoi se mêle-t-il pour nous
donner des leçons sur la manière de gérer nos encombrants voisins !
D'autre part, on nous dira qu’il a certes « réconforté » les
Palestiniens mais que ce n’est pas le plus important, l’important pour un Pape
n’est que de s’assurer des bonnes relations avec les autres religions, ce n’est
pas de se mêler de politique !...et puis de toute façon comme dirait Staline,
le Pape c’est combien de divisions ?
Pour ce qui concerne les premières critiques, il me semble qu’elles
consistent surtout à reprocher à Benoit XVI de ne pas être ….Jean-Paul
II !
Benoit XVI n’est manifestement pas un extraverti, pas d’exubérance chez ce
Pape qui n’est pas vraiment un tribun et qui aura du mal à soulever les foules
par la seule force de ses discours.
Ce pape est un cérébral et même si son charisme s’apparente à celui d’un
bidet, il n’en reste pas moins que la seule autorité morale liée à sa fonction
devrait pouvoir lui épargner d’avoir à utiliser des artifices pour donner à ses
actes et à ses propos une force suffisante.
Il s’est pourtant rendu au mémorial de l'Holocauste pour s’y recueillir, il
a clairement et fermement dit non à la négation de la Shoah, non à l'oubli, et
non à la minimisation de son ampleur.
Je sais que l’époque est aux excuses, aux regrets, aux repentirs et de
préférence avec tremolos et sanglots dans la voix, mais combien de temps encore
va-t-on exiger du Pape qu’il s’auto-flageole en psalmodiant, c’est ma faute,
c’est ma très grande faute ?
Que faut-il qu’il fasse et comment doit-il le faire pour que les Israéliens
veuillent bien admettre que le Pape, au nom de l’Eglise catholique, à
définitivement condamné les abominations nazies ?
Certes le Pape ne s’est pas excusé …d’être allemand, certes il n’a peut-être
pas su forcer sa nature pour créer l’émotion par ses gestes ou ses paroles dans
un pays très sensible à cette transmission quasi-physique des sentiments
…………mais n’est pas Jean-Paul II qui veut et à plus forte raison qui ne veut pas
!!
Quand à ses interventions auprès des palestiniens eh bien je dois dire
qu’elles me l’ont rendu beaucoup plus sympathique ce Pape !
C’est comme cela que je l’apprécie, lorsqu’il se comporte comme non pas
comme un puritain moraliste, non pas comme un dogmatique enfermé dans ses
textes de loi, non pas comme un apparatchik de l’Eglise mais comme un humaniste
qui, sans avoir la capacité d’empathie d’un Jean-Paul II, sait néanmoins
exprimer une compassion sincère vis-à-vis de ceux qui souffrent, qui sont
humiliés et qui sont trop souvent oubliés par tous !
Oui il relaie le message du Christ lorsqu’il se rend dans un camp de
réfugiés au pied du mur pour exprimer sa « profonde compassion »
après l'invasion israélienne de décembre/janvier qui a fait plus de 1.400 morts
palestiniens ou lorsqu’il qualifie de « tragique » le mur de
séparation érigé par Israël, « une des visions les plus tristes »
qu'il retiendra de son séjour, ou encore lorsqu’il réaffirme devant Mahmoud
Abbas « Monsieur le président, le Saint-Siège soutient le droit de votre
peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres, sûre
et en paix avec ses voisins, à l'intérieur de frontières reconnues au niveau
international. »
Oui, il est également dans ce rôle lorsqu’il appelle les jeunes palestiniens
à résister à la tentation du terrorisme : « Ayez le courage de
résister à toutes les tentations que vous pourriez ressentir de vous livrer à
des actes de violence ou de terrorisme. Au contraire, permettez que ce que vous
avez vécu renouvelle votre détermination à construire la paix ».
Voilà ce que j’attends du Pape, qu’il soutienne ceux qui en ont besoin en
diffusant un message de paix et d’amour du prochain plutôt que d’essayer
d’imposer à coup d’interdictions, d’anathèmes ou de condamnations de rigides
préceptes moraux d’un autre temps !
Certes, on me rétorquera que tout cela ne sont que de belles paroles et que
l’influence politique du Pape est quasi-nulle, que cela fait longtemps que tout
le monde se fiche éperdument de ce que peut bien raconter le
« Saint-Père » !....peut-être, mais cela n’empêchera pas les mêmes
personne de le traiter d’irresponsable lorsqu’il condamne l’utilisation du
préservatif, lui prêtant ainsi une influence conséquente lorsqu’il s’agit de
l’accabler et lui déniant cette même influence lorsqu’il intervient pour
dénoncer une situation inacceptable !
Alors, après avoir, comme beaucoup, exprimé tout le mal que je pensais d’un certain nombre de ses interventions ou de celles de certains de ses cardinaux et plus généralement de son attachement à un dogme qui, pour moi, s’est depuis longtemps écarté du message originel, il me semblait important, et même s'il n'attend pas après, de dire ma satisfaction lorsque satisfaction il y a !
Eh bien voilà c’est fait !