J'ai cru déceler dans plusieurs commentaires un certain intérêt pour les chèques services, sujet qui ne devrait passionner ni les non-Luxembourgeois ni les non-parents, mais, allons bon, toutes les chroniques ne peuvent pas parler de saucisses. Introduit cette année pour augmenter le taux de natalité au Luxembourg (et, accessoirement, les chances de la coalition sortante aux élections de juin), le chèque service part d’un constat simple. Il n’est pas facile de concilier vie familiale et vie professionnelle quand on a des enfants, surtout si les deux parents travaillent, si les grands-parents habitent à quelques centaines de kilomètres de là, si la maternelle ne commence pas avant 4 ans et si les horaires de l’école sont de toute façon incompatible avec une activité professionnelle à temps plein. Conditions bien souvent réunies au Grand Duché, dont les flux migratoires sont plutôt guidés par l’attrait économique que par l’instinct de reproduction. Et dont les influences germaniques avaient institué chez les autochtones une certaine tradition de femme au foyer, qui change les couches et prépare la tambouille pour son mari parti chasser le caribou sur les hauts plateaux du Kirchberg. Tradition quelque peu mise à mal aujourd'hui.
Résultat, pour faire garder ses enfants, jusqu'à peu, c’était la nounou au black, la nounou professionnelle déclarée (par le biais d’associations comme ‘fir ons kanner’ ou en direct), la crèche publique, la crèche privée (en fait, une garderie) voire la crèche d’entreprise ou d’institution européenne pour certains privilégiés. Tout ça disponible dans presque toutes les langues du pays (luxembourgeois, allemand, français, anglais, portugais, etc.) et à des tarifs compris sur une échelle allant de "complètement gratuit" à "totalement prohibitif".
Conscient que cette situation ne favorisait pas le plan d’expansion démographique du Luxembourg, le gouvernement a rationnalisé un peu tout cela. En commençant par obliger les nounous à suivre une formation et à avoir un statut propre. Puis en instituant le chèque service, qui fixe dorénavant un tarif d’état pour les prestations de garde d’enfants, comme il en existe un pour le pain ou le litre de diesel (je rappelle que Luxembourg n’est pas un enfer néo-libéral guidé par des capitalistes avides de dérégulation mais plutôt une société où règnent consensus, bonne conscience chrétienne et partage des fruits de la prospérité si tant est qu'on peut encore se payer une grosse voiture).
Voilà, en gros, et surtout en fonction de votre revenu mensuel de l’année précédente et du nombre d’enfants qui contribuent à animer vos soirées, vous payez une contribution à la crèche, privée ou publique, et l’état verse la différence. D’où évidemment une propension des crèches à augmenter leurs tarifs en début d’année 2009 (pas que pour profiter du système mais également pour faire face aux besoins de trésorerie qu’implique le système).
Sur hypothèse de 50 h de garde par semaine, on remarquera qu’il vous en coûtera de 4% à 13% de vos revenus pour votre 1°, puis 10% maximum pour le second et 5% maximum pour le 3°. On remarquera aussi que, plus vous gagnez d’argent, plus vous avez intérêt à faire beaucoup d’enfants, surtout qu’à partir du 4° les frais sont entièrement pris en charge par la communauté. Par contre, on pourra regretter que le temps de travail ne soit pas pris en compte dans les calculs, étant entendu que quelqu’un qui fait un mi-temps payé 2000 € par mois aura moins besoin d’aide que quelqu’un qui touche la même somme en travaillant à temps plein.