Miriam et toute l’équipe, que je ne connais pas encore, sont de ceux-là. C’est difficile, de nos jours, le contexte éducatif. C’est difficile chez eux aussi, à Créteil. Mais quel est donc leur secret pour nous inviter à cette fête inter-continent ?
Vous le saurez bientôt, après la rencontre du 5 juin prochain dont je me réjouis.
Je vous raconte toute l’histoire.
En mai de l’an dernier, je me trouvais à Ouagadougou où j’ai rencontré Jean Paul Koudougou
directeur du musée de la musique ainsi que ses animateurs et ses musiciens. Comme toujours, je n’ai pas résisté à l’idée de proposer un atelier d’écriture créative, quel que soit le public. Ici, il s’agissait de travailler avec les enfants des écoles de Ouagadougou, venus retrouver leur passionnant patrimoine musical. Dans ce musée original, mais où il fait terriblement chaud, l’expérience, pour modeste qu’elle ait été, a permis de belle émotions partagées.
Un jour qu’il faisait encore plus chaud, à cette saison où les pluies tardent à éclater au-dessus de la capitale du Burkina, je me rendais au musée pour y rencontrer l’équipe d’encadrement. Je me suis arrêtée à un carrefour avec d’autres badauds déjà attroupés. Sous un feu rouge se trouvait un flûtiste en train de jouer une drôle de partition, toute en discours et reprise hachée. A la fin du morceau, quelques gouttes de pluie sont tombées et le public a applaudi, ravi du concert et soulagé de constater les prémisses de la pluie tant attendue.
- Ce n’est pas étonnant, a dit quelqu’un, à côté de moi. Quand Lasso joue de sa flûte-à-parler, il sait faire venir la pluie.
Mais je vous renvoie au conte de La flûte -à -parler que j’avais placé sur mon blog comme dixième lettre d’Afrique.
Quelques semaines plus tard, une enseignante de Créteil m’écrivait pour me demander l’autorisation de mettre en scène l’histoire extraordinaire de cette flûte. J’étais bien sûr très émue que cette histoire, si ancrée dans son environnement particulier, soit ainsi accueillie par une classe d’enfants de la banlieue parisienne. Alors Miriam a porté le projet. Je crois même qu’il y a eu un film…
Le 5 juin, j’irai à la fête de la MJC de Créteil où les élèves rejoueront “La flûte-à-parler”. Je ne manquerai pas de retracer sur ce blog, de manière plus concrète, au-delà des aléas de la vie quotidienne, de la noirceur des infos, des programmes scolaires à respecter, de la complainte de l’autorité regrettée, de la violence urbaine et de l’Afrique humiliée, je ne manquerai pas de vous raconter, je vous le promets, comment sous le pont de leurs bras passent, l’onde si lasse des désespérances, peut-être, mais aussi ce courant frais et généreux porteur de tous les espoirs du monde.