Penser, c'est chronophage.
Mais si autant, auparavant, avoir 17 projets sur le feu me motivait et me permettait de m'organiser aux petits oignons, aujourd'hui, enfin hier, j'ai trouvé
le fait relativement moyen.
C'est que ces choses me donnant matière à penser sont en train de se mettre en place et à mesure que je tente de les faire coïncider avec mon super emploi du
temps vide comme mon compte en banque, je me rends compte que ça va pas être possible, non, pas être possible.
La semaine dernière, j'ai accepté de prendre la Correspondance Locale pour une autre crémerie, dans un autre patelin.
Fière comme si j'avais un bar-tabac, j'ai aussi fait un petit, tout petit bond de joie à l'idée d'ajouter mensuellement quelques deniers dans le nourrain
conjugal.
Demain, j'officialise la chose avec la rédaction en question.
Je dois donc être à Carcassonne à 14h30 pétaradantes.
Jusque là, ça roule comme dirait ma poule soûle.
Demain aussi, entre 10h et 12h, je m'offre mon premier direct live en tant que V.I.P sur Radio Marseillette, une petite locale qui monte, qui monte, avec un grand animateur qui
n'en fait pas moins.
Entre Fan et moi, c'est déjà une affaire
qui tourne, un vieux couple dont la relation est exclusivement et jusqu'à présent basée sur l'échange de mails perdus ou vide et de coups de fils au terme de chacun nous nous disons que nous
allons y arriver.
Demain, enfin, on passe aux choses sérieuses, on va enfin se voir, se parler en vrai d'un micro à l'autre. Meetic à côté, dans l'efficacité, ils peuvent encore pédaler.
Là encore, je saute partout, je sens que je vais postuler pour un groupe de Tecktonik
Toute la famille, le canton et la France entière est priée de bien vouloir poser 2h de RTT.
Hier donc, j'en étais à planifier ces deux rendez-vous capitaux.
En soi et pour la super mère au foyer au chômage que je suis, c'est ni la mer à boire, ni la belle-mère à avaler.
Alors pourquoi aujourd'hui, j'ai plus d'ongles, le souffle court, la tête comme un compteur à gaz et un ballon de rugby dans le ventre?
Facile.
Samedi, mon sèche-linge s'est dit que ça suffisait comme ça, que j'avais qu'à couler une dalle et poser un étendoir dehors, que merde à la fin, quitte à
décorner les vaches, le vent, il peut largement sécher mon linge et qu'en plus je ferais un geste pour la planète et tout ça.
Ici, le vent, devant ma maison, il décorne pas les vaches, il les fait migrer vers le Nord de l'Europe, alors les chemises du taf de Copilote...
Je dispose donc d'un immonde étendoir sur roulettes pour célibataires.
Je dois donc me passer des lessives de 7 kilos tassées au pied dans la machine et oublier les heures creuses.
Faire donc 4 minuscules lessives dans la journée, les étendre dans le cellier, attendre 2 ans que ça sèche et friser la correctionnelle en repassage. Le
sèche-linge, ça fait pas que le mal, ça repasse aussi.
En parlant chiffons, j'ai retiré hier matin les joggings des enfants incrustés d'herbes folles.
Samedi soir, profitant que les parents se pistachaient au gros rouge qui tâche, ils sont allés se rouler dans les champs.
J'ai tenté de retirer la végétation à la pince à épiler, au bout d'une heure plantée dans le cellier, j'ai foiré l'engin et troué les pantalons. J'ai aussi
foutu à la poubelle 6 paires de chaussettes même pas encore trouées. Les enfants, des fois, ça écoute pas, surtout quand ça voit ses parents faire Tourner les serviettes.
La soirée a été tellement inoubliable que j'ai profité des quelques une de mes bribes pour en rédiger une brève pour le journal local, avec une photo plutôt
réussie malgré mon taux d'alcoolémie à la clé.
J'ai fait ce que j'ai pu et ça m'a pris une heure, la photo s'étant cachée dans l'intestin grêle de Marilion. Vista, des fois, c'est très joueur.
J'ai reçu plein de coups de fils hier, et ai dû faire un bon kilomètre à pied dans ma maison, entre la cafetière et la salle de bains, d'une gorgée de café à
un comédon explosé.
Les filles, au téléphone, c'est pas que chiant, c'est aussi bavard.
J'ai répondu au coup de fil de maman qui trouvait que 12h31, pour descendre manger alors qu'ils avaient fini, c'était pas mal. J'ai tout planté, et je lui ai
obéi.
Une mère, c'est pas que poule, c'est aussi un excellent PDA.
J'ai passé l'après-midi à raconter au monde entier combien le parc animalier c'est super marrant.
Il se trouve que ma plateforme de blog,
elle, elle a pas eu le même humour. Le texte a été rédigé aux environs de 15h06 et mis en ligne à 2h45 ce matin.
Internet, c'est pas que magique, c'est aussi très susceptible.
Il va donc de soi qu'entre tout et entre temps, de petits parasites sont venus se greffer à mon emploi du temps.
Comme ce matin, les mails déboulant de l'an dernier, ou ceux m'invitant à telle conférence de presse ou Conseil Communautaire.
Comme l'étagère des bouteilles d'alcool qui lâche l'affaire et dégringole dans le buffet, sur les verres, fait s'empaler les chats dans les piliers de la
terrasse, me fait sauter au plafond de trouille et me fait pomper comme un Shadok le guignolet, la vodka, le whisky, le vin de noix explosé par terre.
Comme Marilion qui pose ses congés sans préavis, comme ça, et me plante avec son écran noir et sa petite flèche tournante, entre la fin des Feux de l'amour
et le Destin de Lisa.
Comme Arnaud qui arrive gai comme un pinson et qui me jette deux mots à signer sur le bureau, l'un pour faire un don à l'Asssociation Scolaire, l'autre pour
aller faire des confitures mercredi prochain. Je ne peux ni donner l'argent que je n'ai pas, ni être à temps pour remplir les bassines en cuivre sans louper le repas de midi qui se situe à 13h15
en raison de l'emploi du temps merdique de mes deux collégien. Pourtant, va bien falloir gérer le doublon.
Comme Jérémy qui doit télécharger un logiciel pour son cours de techno et bosser dessus qui se lamente que le contrôle parental que Copilote a instauré lui
empêche de travailler correctement et voilà sa carrière d'informaticien est foutue.
Comme le dîner que j'ai pas préparé alors qu'il est l'heure de se bouger et que les placards sont vides et que Nicolas est sur le point d'arracher la tête
d'Arnaud dans ma chambre pour une futile affaire de manette de jeu.
Comme mon imprimante qui, comme de par hasard, ne répond plus à mes coups de lattes pourtant bien placés sensés la faire démarrer normalement. Du coup, je ne
pourrai pas imprimer mes textes favoris que mon interviewer de demain m'a demandé de lire à l'antenne.
Comme demain, où je m'aperçois tout d'un coup qu'entre la radio, le journal et les courses, je serai pas là de la journée.
Comme demain, mercredi, jour de repos de Copilote qui va devoir gérer seul la maisonnée, le repas,les devoirs, les enfants dont certains ne sont pas les
siens.
Comme les courses à faire, dont je n'ai aucune idée si le dû sera accepté par la banque.
Comme Cariolette réparée, dont je redoute la facture et dont j'ai oublié le délai du contrôle technique.
Comme les photos d'identité des enfants à coller sur les cartes de bus sous peine de se faire vanner par le chauffeur.
Comme le boulot à chercher, à trouver.
Comme les pantalons et les pulls à teinter pour leur rendre un aspect neuf.
Comme penser à changer de banque.
Comme penser à récupérer les dvd prêtés aux 4 coins du coin.
Comme les draps à laver sans pouvoir les étendre.
Comme...
Ma tête à vider.
Les priorités à distingués.
Me calmer.
Gérer
Faire face.
Today, tomorrow, tout ça.