Cannes 2009, Jour 5 : la mauvaise journée...

Publié le 18 mai 2009 par Boustoune

La merditude des choses, c'était le titre d'un des films présentés hier à la Quinzaine des réalisateurs. C'est aussi ce qu'on pourrait dire de la nouvelle situation au Palais des festivals, où les cinéphiles sont désormais indésirables.

Même quand on a la chance de dégotter une invitation pour les séances de la sélection officielle, on ne rentre pas... On nous rappelle que la manifestation est réservée aux professionnels et que ce qui était jusque-là toléré est maintenant définitivement banni. Et tant pis si l'immense amphithéâtre Louis Lumière n'est pas totalement rempli! Belle façon de manifester de la considération vis à vis de ceux qui vont voir les films, en parlent, créent du bruit autour et font finalement vivre les films...

Bref, c'était compliqué de pouvoir voir les films de la sélection officielle et j'ai dû faire l'impasse sur Agora, le péplum d'Alejandro Amenabar présenté hors compétition. D'après ce que j'ai pu entendre ça et là, je n'ai pas raté grand chose... Je n'ai pas vu non plus le film de Robert Guédiguian, L'armée du crime, qui avait l'air assez réussi.
J'ai en revanche réussi à voir les deux films en compétition. Maigre consolation, parce que ce n'était pas franchement bon.


Commençons par le film de Johnnie To,
Vengeance. Il s'agit d'une histoire ridicule, pas crédible et outrancièrement mélodramatique, mettant en vedette un Johnny Hallyday complètement à côté de la plaque car jouant de manière trop caricaturale. Restent quelques fulgurances visuelles dont To a le secret et des scènes d'action parfaitement chorégraphiées, mais ça ne suffit pas à sauver ce film du grand n'importe quoi.
Un an après Serbis, que j'avais déjà très moyennement apprécié, Brillante Mendoza revient en compétition avec Kinatay, un «thriller» au rythme assez particulier, qui a créé un petit scandale au palais, à cause de son côté particulièrement sordide et sa violence.
L'idée du film tient en quatre lignes : un jeune apprenti-policier qui vient de se marier et d'avoir un enfant se laisse entraîner dans une virée nocturne par quelques collègues flics véreux, qui récupèrent les dettes impayées, par la force s'il le faut. Ils kidnappent une femme qui n'a plus les moyens de payer, sans doute pour la tuer...
Près de la moitié du film se passe dans la voiture, avec les flics ripoux et la jeune femme, et toute la tension du film repose sur cette situation. Le jeune homme va-t-il accepter de participer à ce crime? Va-t-il tenter d'aider la victime, qui supplie qu'on épargne sa vie? Le thème n'est pas inintéressant et les partis pris de mise en scène, anticonformistes, sont ambitieux. Mais le film est alourdi par les longues séquences du début et de la fin, qui restituent le côté grouillant des rues de Manille et, ici, n'apportent rien, sinon un certain ennui...

Côté sections parallèles, c'était aussi très compliqué de voir des films.
Séances complètes à la Quinzaine pour Les beaux gosses de Riad Sattouf, précédé d'un bon bouche-à-oreille. Mêmes échos positifs pour Eastern Plays, en qui beaucoup voient un candidat à la caméra d'or, mais les deux projections du jour avaient lieu en même temps que les films en compétition...
Même motif, même punition pour Le père de mes enfants de Mia Hansen Love à Un certain regard. J'ai en revanche pu voir Le tsar de Pavel Lounguine. Le film manque un peu de moyens, et ne peut prétendre, artistiquement, avec le Ivan le terrible d'Eisenstein. Mais il gravite un peu autour, en axant le métrage sur les relations complexes entre le tyran et le métropolite, plus haute instance de l'église orthodoxe. Le résultat est très classique, mais certaines scènes sont marquantes et le jeu des deux acteurs principaux est impeccable.
Enfin, à la semaine de la critique, c'était quasiment mission impossible pour voir l'attendu Lascars, alors j'ai préféré m'abstenir...
En revanche, j'y ai vu Adieu Gary, un premier film assez surprenant avec Jean-Pierre Bacri, Dominique Reymond et Yasmine Belmadi. Il s'agit d'une petite chronique sociale qui prend des faux airs de western. Un «Il était une fois dans l'ouest... de l'Ardèche», en quelque sorte...
Le film n'est pas totalement abouti, mais il réserve de beaux moments de complicité entre les comédiens. Et puis, Bacri fait du Bacri, trimballant tout au long du film sa mauvaise foi, ses moues bougonnes, ses petites répliques assassines... et ses fameux coups de gueule.

Et une journée pourrie comme celle-là, ça fait du bien de pouvoir entendre Jen-Pierre Bari râler... (D'ailleurs j'aime à ressortir cette réplique qu'il balance dans Didier : "C'est donc aujourd'hui que tout le monde a décidé de me faire chier, c'est : Aujourd'hui..."
Bref, la journée s'est au moins terminée sur une note positive...