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Sherbrooke, 8h00 du matin.
Herméningilde est dans la voiture et attend Gervaise pour aller à Montréal.
On note que les personnages ont tous deux des noms plutôt québécois!
Comme elle n'en finit plus de se pomponner, il lui dit, pour qu'elle se presse un peu :
ou encore
Et là tu as envie de dire : mais non, pas besoin de te tirer une balle dans la tête pour ça, ça vaut pas la peine!!!!!
On remarque aussi que les deux expressions suggèrent une certaine mutilation du corps (casser, tirer)... les Français seraient-ils masochistes? :P
Gervaise, outrée, termine quand même de se maquiller (en vitesse!) et saute dans
Un peu plus tard, Herméningilde demande à Gisèle :
Spotter signifie "trouver un truc en particulier à travers une multitude d'autres trucs". C'est un anglicisme provenant du verbe anglais "to spot", soit "repérer" en français.
Gisèle s'exécute. Malgré tout, le couple n'arrive à Montréal qu'en soirée : le sens de l'orientation exceptionnel de Gisèle a à nouveau frappé.
Une fois
(oui, Herméningilde et Gervaise vont faire leurs courses à Montréal alors qu'ils habitent à Sherbrooke, à 160 km, il ne faut pas poser de questions), Gervaise voit une de leurs amies au loin. Elle dit à son mari :
Herméningilde en doute, alors il dit à Gervaise :
Checker est aussi un anglicisme (décidement!) provenant du verbe anglais "to check", soit "vérifier" en français.
Lorsqu'il s'approche d'elle, Jacynthe le reconnait tout de suite et lui saute dans les bras (Gervaise les regarde, perplexe). Après quelques minutes de discussion enflammée (Gervaise commence à se poser des questions), Jacynthe leur dit :
Il n'y a à ma connaissance pas d'équivalent au Québec. Un pot est une petite réunion/fête où l'on boit, d'où le terme de pot. La particularité est que c'est le fêté ou la personne principalement concernée par le pot qui amène la nourriture et la boisson, et qui sert ensuite les invités. Un peu comme si on organisait sa propre fête d'anniversaire!
Et elle ajoute :
ou encore
Herméningilde et Gervaise acceptent, malgré les soudaines réticences de Gervaise, et disent au revoir à leur amie. (Ils se demandent aussi pourquoi celle-ci utilise tout à coup des expressions françaises.)
Entre ses dents, Gervaise murmure :
"Babache" est Ch'timi, un dialecte du nord de la France.
Herméningilde, qui a tout entendu, lui rétorque :
En France, le concept de note en pourcentage n'existe pas. Il s'agit le plus souvent de notes sur 20 ou sur 10, et non sur 100.
Gervaise, la larme à l'oeil, lui lance alors : "C'est ça, dit qu'elle est plus intelligente que moi! Moi aussi je sais que 1 et 1 font 11!".
Herméningilde, qui n'en croit pas ses oreilles, lui répond :
"Être rouillé" signifie que cela fait longtemps que nous n'avons pas exécuté une tâche, et que, par conséquent, nous avons du mal à nous souvenir comment faire ou encore à bien le faire.
Honteuse, Gervaise tente de se reprendre en disant :
Et, rouge comme une tomate, elle se dirige vers un kiosque de vente pour changer de sujet. Le vendeur lui crie :
Gervaise, des étoiles dans les yeux (parce que les gâteaux sont roses, et qu'elle adore le rose), regarde son mari et lui dit tout de suite :
"Écoeurant" en France est plutôt utilisé dans le premier sens du mot, c'est-à-dire "dégoûtant", alors qu'au Québec il peut parfois, selon le contexte, signifier totalement le contraire.
Herméningilde refuse, sous prétexte que le rose-bonbon des gâteaux suggère fortement l'utilisation de produits chimiques dangereux lors de la confection de ces-derniers. Gervaise, boudeuse, chiale :
"Chialer" signifie "pleurer" en France et "se plaindre" au Québec.
Pour se faire pardonner, Herméningilde lui offre d'acheter du
Je n'ai jamais réussi à trouver du sirop de maïs en France, personne ne savait de quoi il s'agissait. En fait, c'est un sirop essentiellement composé de glucose extrait d'amidon de maïs souvent utilisé dans la confection de desserts et de confiseries.
afin de concocter un dessert de son choix. Gervaise accepte, mais quitte le kiosque en fixant les gâteaux roses, la boule à la gorge (c'était vraiment TRÈS important pour elle).
Les courses terminées, le couple retourne à Sherbrooke. Sur l'autoroute, une
les surprend, mais ils arrivent tout de même chez eux sains et saufs. Néanmoins, à cause de la température, Herméningilde attrape
Gervaise s'occupe donc de lui en lui servant un bon bouillon de poulet. Réconciliation. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Et cessèrent d'aller à Montréal pour faire leurs courses.
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Vous pouvez également lire les billets lexicaux précédents :
- Première partie : On ne dit pas... on dit...
- Deuxième partie : Non mais vraiment, on ne dit pas... on dit...
- Troixième partie : Coudonc, vous êtes durs de comprenure, on ne dit pas... on dit...