Aung San Suu Kyi à nouveau derrière les barreaux. L'opposante pro-démocratie a été inculpée pour violation de son assignation à résidence et pourrait écoper d'une
peine d'emprisonnement de cinq ans, a annoncé jeudi l'un de ses avocats.
Elle est accusée d'avoir reçu la visite à son domicile, où elle est assignée à résidence, d'un visiteur clandestin
américain.
Son avocat, Hla Myo Myint, a déclaré aux journalistes que le procès du prix Nobel de la paix doit commencer lundi. Il s'exprimait à sa sortie de la prison d'Insein, où ont été placés en
détention Mme Suu Kyi et le ressortissant américain. Ce dernier, présenté par les médias birmans comme s'appelant John William Yeattaw, n'a pas encore de défenseur et l'ambassade des Etats-Unis
tente de lui trouver un conseil anglophone.
Kyi Win, autre avocat d'Aung San Suu Kyi, s'en est violemment pris à Yeattaw en l'accusant d'être à l'origine de cette
situation. Il affirme que l'opposante ne l'a jamais invité et lui a même demandé de partir.
"Tout le monde est très en colère contre cet Américain minable. Il est la cause de tous ces problèmes. C'est un imbécile", a
encore dit Kyi Win.
Nyan Win, un
porte-parole du parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, a déclaré avoir été informé de la comparution en justice de la prix Nobel de la paix et de deux femmes vivant avec
elles.
Les trois femmes ont été conduites jeudi matin à la prison d'Insein, dans le nord de la principale ville birmane. Aung San Suu
Kyi ne semblait pas devoir être ramenée chez elle après cette présentation à la justice.
Le simple fait d'héberger un étranger sans prévenir les autorités à l'avance est considéré comme un délit dans ce pays, si ce
n'est pas un membre de la famille. Des membres de la Ligue nationale pour la démocratie ont déjà été emprisonnés pendant deux semaines pour ce motif.
En Birmanie, la police a le pouvoir de garder un prisonnier 14 jours quand il passe en jugement, mais, dans des cas
particuliers comme celui-ci, la détention à la prison d'Insein est préférée par les autorités.
La semaine dernière, un ressortissant américain avait déjà été arrêté après avoir pénétré au domicile d'Aung San Suu Kyi, où
il serait resté deux jours, d'après ses accusateurs. On ne connaît pas les raisons de cette visite.
Selon le quotidien "Myanma Ahlin", la police a surpris Yeattaw dans le lac Inya qui jouxte la résidence de l'opposante.
L'Américain se serait introduit dans l'enceinte étroitement surveillée à la nage, en franchissant le lac avec un bidon d'eau de cinq litres vide en guise de flotteur. La police l'a sorti de l'eau à
l'aube, au retour de sa visite, alors qu'il portait un sac à dos noir, un appareil photo, des tenailles, un passeport américain et deux billets de 100 dollars, probablement destinés à corrompre les
gardes.
L'homme a reconnu avoir traversé le lac deux fois avant de se faire prendre mercredi dernier. La baignade dans ce lac est
prohibée. C'était la première fois que quelqu'un parvenait à déjouer la surveillance policière autour de la résidence de cette façon.
Aung San Suu Kyi a passé 13 des 19 dernières années assignée chez elle, sans avoir été jugée, pour son action non violente en
faveur de la démocratie. Les visites lui sont interdites, sauf celle de son médecin. Elle a été malade récemment, souffrant de déshydratation.
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