Ceux qui accusent le pape de tous les maux sont ceux qui ne le comprennent pas depuis 2005. Il est vrai qu’à Jean Paul II, pape ô combien charismatique a succédé un pape plus rigoureux dans la forme et s’adressant plus à une élite lettrée. Jean Paul II a été un formidable accélérateur démocratique tout en restant très stricte sur pas mal de points : le préservatif, le mariage et la famille, l’abstinence, la fidélité… Il a fait béatifier le créateur de l’Opus Dei et n’a jamais transigé sur le dogme. Benoît XVI fait exactement pareil, mais ne cherche même pas à plaire au monde étranger au catholicisme, quand Jean Paul II se voulait plus consensuel. En apparence.
Le voyage du Pape au Proche-Orient a été bien plus qu’une succession de symboles. Il a surtout rappelé qu’en terre d’Islam, le christianisme était menacé, sauf en Jordanie, une réalité occultée par la majorité des médias qui s’offusquent si l’on n’ose se déclarer contre des mosquées sur le sol français mais qui ne pipent mot quand des églises sont détruites en Turquie ou quand il est interdit d’en construire de nouvelles en Iran ou en Syrie.
J’ai lu un peu partout que Israël était déçu que Benoît XVI n’ait pas condamné l’holocauste. Mais le Vatican l’a déjà fait et la légende noire de Pie XII qui aurait laissé le nazisme faire sa monstrueuse barbarie est en train de s’effondrer, pour qui sait lire correctement l’histoire. Malgré tout le respect que j’ai pour l’état hébreux, je trouve bien dommage les critiques adressées depuis ce pays au Saint Père. Non pas qu’elles soient totalement injustifiées, mais elles sont injustes. Le pape est allemand, a subi, comme tous les jeunes de son âge l’enrôlement forcé dans les Jeunesses Hitlériennes et automatiquement, la presse en fait un nazi qui flatte les antisémites en réintégrant un évêque négationniste. Curieux raccourci qui montre bel et bien une absence totale de jugement de la part de ceux qui sont chargés de vous informer.
Échec que ce voyage où le pape a parlé d’une paix juste ? Non !! Une paix juste, voilà les mots d’un homme que désole forcément le mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens, mur symbole d’un échec mais mur nécessaire contre la barbarie islamiste. Benoît XVI a vu dans ce mur le fait que des factions palestiniennes refusent la paix et obligent Israël à se protéger. Et il le déplore car l’Eglise est la Paix depuis qu’elle a renoncé au pouvoir terrestre. Une fois de plus, il a parlé en lettré et non en démagogue. Un pape aimé de la presse aurait dénoncé la « barbarie juive qui enferme dans un camp de concentration de malheureux palestiniens ». Pas sûr que Tel-Aviv ait apprécié un tel discours s’il avait eu lieu. Dieudonné, lui, aurait applaudi !! Il a parlé de sa volonté de voir un jour deux états, de la même manière que W le disait dès 2002. Mais pas à n’importe quel prix comme le voudraient les idiots utiles. Sa prière en compagnie d’un rabbin et d’un imam prouve sa volonté de réunir et non de diviser. Mais jamais , il ne s’est abaissé comme le font certains.
Comme W hier, Benoît XVI est un homme de conviction et de croyance. Il dit ce qu’il pense être juste et se moque de la sacro-sainte communication. Mais c’est devenu tellement rare de nos jours (regardez comment un Obama gère sa politique, mettant soigneusement en retrait les décisions qu’il prend à la manière de W comme, au hasard, la publication des photos des sévices) que l’on s’étonne de la franchise du successeur de Pierre.
Oui Benoît XVI n’a cure du politiquement correct. Le discours de Ratisbonne, magistrale leçon pour les ânes médiatiques qui, au lieu de beugler, auraient dû se plonger dans leurs livres d’histoire, avait été un prémice. Désormais, c’est sûr, Benoît XVI comptera comme un grand pape qui aura refusé de brader l’Eglise sur l’autre de la « modernité » et du nivellement par le bas.
Son voyage aurait été un échec s’il avait totalement dérapé, s’il avait refusé d’aller sur l’esplanade des Mosquées ou s’il avait nié la Shoah. Or, en tant que représentant d’une église de paix, il a fait le pas que ne font pas la plupart des imams et certains rabbins : ila accepté l’autre, il a accepté la religion de l’autre, il s’est refusé au syncrétisme, mais sans pour autant accepter l’inacceptable de l’autre ou de la religion de l’autre. Les critiques étaient de toute façon écrites d’avance par ceux qui ont critiqué Benoît XVI dès son élection. On sait que la presse rêve d’un pape échangiste, cocaïné ou, plus sérieusement, alter mondialiste. Il est étonnant de voir que pour la presse, qui condamne toute entorse à la laïcité (enfin, quand ces entorses viennent du christianisme, bien sûr) , attacher une telle importance à l’église.
Benoît XVI est un vieil homme, qui a vécu une époque épouvantable, tout comme Jean Paul II l’avait vécu, de l’autre côté du mur. Ceux qui lui crachent au visage vivent dans l’artificiel et la légèreté. Difficile alors de comprendre un raisonnement construit sur 2000 ans d’histoire quand on ne connaît même pas la sienne.