Prenez une table de quartier, le Pré Salé, déshabillez-la de son décor un peu cosy province, enlevez les rideaux pour laisser entrer la lumière, mettez des nappes en papier, changez le nom, baissez les prix et vous verrez comme par enchantement, la clientèle affluer. Mais pour combien de temps ? Entre ceux qui quittent la table après une heure de patience avec pour seule nourriture dans l’estomac, quelques morceaux de pain et ceux qui ne sont pas prêts de revenir vu le niveau général, le service à la ramasse et la carte qui se la joue décalage de saison. Nous sommes début mai, le soleil est enfin sorti de son hibernation et naturellement l’envie de légumes et de poissons se fait plus forte. On en a rêvé mais le chef en a décidé autrement en alignant un potage au potiron, un bœuf Bourguignon, un magret de canard et sa sauce au miel et pour seul accompagnement des pommes de terre. Sautées, en cocotte ou en purée, c’est patate à tous les étages. Il y a certes une poignée de légumes avec un risotto aux Saint-Jacques mais ils se sentent bien seuls ! Tout avait pourtant bien commencé, malgré l’attente, avec une excellente terrine de campagne maison qui se tartine allègrement avec une poignée de mesclun et un verre de Chinon. La suite est presque impensable, inimaginable. On pense être atteint d’hallucination mais non, les ravioles de foie gras sauce aux cèpes, bien de saison, sont bel et bien collées les unes aux autres formant une sorte d’aggloméré baignant dans l’huile. Quant au gâteau au chocolat maison, il a préféré se faire hara-kiri dans le passe. Posé au milieu d’un océan de crème, il s’est effondré dans l’assiette…et nous avec !
9, rue d’Argenteuil. 1er. Tél. : 01 42 96 40 02. Menu : 13,50 € (au déjeuner). A la carte, 25 €. Fermé le dimanche. M° : Pyramides.
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