Nous avons l'honneur de vous annoncer la création de l'Académie française des blogueurs dont le seul membre à ce jour a été élu hier à l'unanimité. Quelques irrégularités ont entaché le vote, des insultes ont fusé dès que l'information a été connue. On retiendra qu'il est désormais immortel.
Bien sûr, des doutes subsistent. Beaucoup sont encore persuadés que notre nouvel immortel n'existe pas véritablement, qu'un collectif situationniste anime l'internationale gouxiste. Certains l'ont vu essayer son nouveau petit habit vert d'extra-terrestre, éprouvant bien des difficultés en raison d'un rigidité au niveau de son petit doigt qui est immense comme tout chez lui. On raconte que son infirmière personnelle, défibrilateur sous le bras, goutte-à-goutte prêt à être branché, était extrêmement inquiète. Mais Didier Goux est facilement réparable. On trouve des pièces un peu partout.
C'est un long combat qu'il mène depuis longtemps pour la diversité qui lui a ouvert les portes de l'Académie française des blogueurs. Didier Goux est un des rares prolétaires de la blogosphère. "Les ouvriers représentent 23 % de la population, je suis un des rares écrivains en bâtiment de la toile" nous a-t-il déclaré. "Vous pouvez vérifiez les chiffres dans le Télérama de cette semaine." Certains vont observer que si Didier Goux ne lit pas cet hebdomadaire et qu'il n'existe donc pas. Interrogé sur ce point, l'intéressé affirmait que même Dieu ne lisait plus Télérama.
Que lit-on dans le "Wouzo's ouzo" le concernant ? Didier Goux est l'auteur de textes majeurs. "Splendeurs et misères des blogueurs", texte magnifique sur les dompteurs de puces. L'homme est connu pour l'enthousiasme de ses commentaires très écrits ("co**nard", "je t'emm*rde", "je te p*sse à la raie"). C'est aussi un grand amateur de pêche à la morue, sport qu'il pratique avec un fusil Lebel, modèle 1886. C'est l'homme-fontaine : impossible de prétendre lire tous ses billets, le titre de son blog est un bouchon qui surnage quoiqu'il arrive dans votre blogroll. C'est que l'homme ne fuit pas. Il s'écoule, se répare lui-même à l'occasion, élévant ainsi la plomberie au rang des Beaux-Arts. C'est dans l'exercice d'admiration qu'il se montre tel qu'en lui-même, généreux et charitable.
Une anecdote résume l'homme. S'enthousiasmant récemment pour un esprit incorrect qui fustigeait une AG préparatoire à la gay pride plutôt kafaïenne, Didier Goux commentait in petto : "Merveilleux ! je ne vous connaissais pas, je vous “lie” immédiatement" En homme poli, il faisait suivre la proposition de boire un coup et dans un deuxième commentaire montrait patte blanche : "A la Comète du Kremlin-Bicêtre ? C’est un repaire de gauchistes adorables ! Y a même des nègres, comme dirait Césaire, intelligents et adorables, c’est dire…"
On n'est pas certain de la teneur de ce deuxième commentaire. Le taulier (le bien nommé "
L'Ubiquiste") précisait qu'il avait en substance réécrit le commentaire de notre cher Didier ("j’ai dû arranger un tantinet votre prose") au grand dam de celui-ci. Les grands hommes sont toujours incompris. Quelles seront ses occupations à l'Académie ? Il aura le privilège de désigner rapidement un autre académicien dont il devra prononcer l'éloge sans excéder 150 caractères. illustration : l'immortel combat