« Sonnet »

Publié le 18 mai 2009 par Frontere

Une vieille maison au jour presque tari,
Où des pas du dehors chaque poutre frissonne,
Dont le cartel chevrote à toute heure qui sonne :
C’est ici qu’on aima naguère et qu’on souffrit ;

- Le parc mélancolique engourdi par l’automne,
Tristement enflammé d’un soleil qui périt ;
- La rose qu’un matin fait naître, et qu’il flétrit ;
- Le clavecin sans voix où votre main s’étonne ;

Tout cela tristement nous parle d’autrefois ;
Mais qu’importe : les chants et des fleurs dans les bois
Renaîtront pour orner le printemps de votre âge
.

Goûtez-les sans songer au temps qui nous meurtrit,
Et puisse sans mentir dire un jour cette page :
La tristesse ignorait les yeux qui m’ont souri. ”

Paul-Jean Toulet (1867-1920)