Le système démocratique est à ce point complexe et imparfait qu'il enfante parfois de résultats troublants. En l'espèce la prochaine élection européenne devrait être un parfait exemple. Quelques blogueurs se font l'écho cette semaine des résultats de sondages. Ici, Marc Vasseur s'émeut, à défaut de s'étonner, du faible résultat pressenti pour l'ensemble de la gauche. Le PS, par exemple, plafonne à 22%. Devant, l'UMP se balade à 27%.
Je dois avouer que je ne comprends pas cet écart. La rigueur intellectuelle m'oblige en effet à admettre que "la gauche" (en général, politiques, médias, blogueurs...) fait une campagne de bien meilleure qualité que les tenants de la majorité présidentielle, ou, plus généralement, de droite. Au niveau des médias, cela se traduit d'abord par l'activisme de Rue89 et de Libération qui accordaient jusqu'à la semaine passée, près de 7% de leurs sujets à traiter de l'élection européenne. En face, Europe 1 ou TF1 se trainait à moins de 2%. Ridicule.
Au niveau politique, et malgré le boulet Martine Aubry qui ne cesse de change de stratégie de campagne, il faut avouer que, dans son registre, le programme du PS a de la gueule. A l'inverse de son homologue de droite, les propositions portées par le parti de gauche français sont plus ou moins en accord avec les propositions des autres partis en Europe. Surtout le PS semble avoir compris aujourd'hui (enfin), que les français étaient finalement plus intéressés par des propositions que par un militantisme permanent à l'encontre de tout ce qui touche, de près ou de loin, à la personne ou au programme de l'UMP et de Nicolas Sarkozy.
A ce titre, c'est Harlem Désir qui marque le virage et qui propose un débat avec le candidat Ile de France UMP, Michel Barnier.
Ce débat, Michel Barnier se doit de l'accepter, pour ne pas paraître encore plus ridicule. A l'approche du vote, c'est silence radio au niveau du parti de droite français. Dans certaines régions, on est même en droit de se demander qui est candidat. Fort de ses contradictions et de ses spécificités étatiques, le programme du parti de droite français ne colle pas vraiment aux propositions faites par les droites européennes...
Mais il faut dire que la majorité présidentielle dispose dans sa poche, d'atouts maîtres que le PS aura du mal à contrer. En premier lieu, la présidence française de l'union européenne qui fut objectivement une réussite, laquelle n'aura pas été effacée par la piètre prise en main de nos successeurs Tchèques. C'est un autre sujet. Parallèlement à ce "souvenir" qui valide, de fait, le discours européen de l'UMP, il y a ce petit clip télé qui tourne sur toutes les chaînes et à toutes heures de la journée.
Ce clip est attaqué aujourd'hui par le PS qui décèle là ni plus, ni moins qu'un clip de campagne étiqueté UMP. Pour une fois, je suis d'accord. Le clip n'aborde jamais le but de l'élection, il n'y a aucune image du parlement européen et, déformation professionnelle, il faut dire que les images sous-jacentes sont diablement criantes. Depuis le début, je suis par exemple frappé par l'outrageuse dominance de la couleur bleue dans ce clip. Certes le bleu est aussi la couleur principale du drapeau européen mais tout de même. Ajoutez à cela le rappel de la présidence française de l'Union par Nicolas Sarkozy et vous obtenez, effectivement, un message politique orienté. Je doute cependant de la validité du recours du PS tant l'expérience de Thierry Saussez en matière de Marketing est importante...
Quoi qu'il en soit mon choix ne cesse de s'affiner à l'approche de ces élections. L'UMP, et c'est une décision de longue date, n'aura pas ma voix et, nouveauté, Alternative libérale non plus.
Ce week-end, j'ai effectivement pris connaissance de l'interview de Sabine Herold (chef de file d'AL) menée par quelques collègues blogueurs. La version audio est disponible chez Dagrouik (merci à lui). L'affrontement fut âpre, principalement axé sur des questions sociales - pas étonnant avec des blogueurs de gauche. Cela n'enlève toutefois pas l'intérêt de l'exercice et la pertinence des questions posées. Du coup, Sabine Herold est avant tout passée pour une rêveuse libertarienne. Il faut dire que ses propositions sont au moins aussi pâles que ses explications et qu'il s'agit plus là de principes généraux que de propositions concrètes susceptibles d'être un jour, mises en places.
Voilà précisément ce qui me différencie donc de ce mouvement, et de quelques blogueurs qui s'en réclament. Je ne suis pas libéral pour faire le libéral. Je suis libéral car je crois que la majorité des concepts auxquels je crois se rattachent, de près ou de loin à des concepts défendus par les libéraux. En matière sociale pourtant, je comprends bien qu'il soit difficile d'appliquer ces principes, qui plus est en France. Tenant ainsi compte de la donne française, il me semble pertinent de devoir adapter (adoucir ?) les dogmes libéraux qu'ils soient économiques ou sociaux. J'abandonne donc Alternative libérale à ses doux rêves et me retrouve seul, en attendant de trouver un destinataire à mon bulletin de vote.