goutte

Publié le 18 septembre 2007 par Didier T.
Amélie ne dit rien de plus. Elle attend, elle tente de maîtriser cette vibration sourde qui lui monte le long des jambes, lui donne des fourmis, lui serre le bas-ventre et la viole, déchire son estomac et l’ouvre en deux. Cette peur primale d’une impuissance invincible, cet impossible retour en arrière qui lui écrase le cœur, le prend entre ses mains griffues et sèches et fait gicler en resserrant d’un coup ses griffes, toute l’humeur rouge qu’il contient, tel un fruit trop mûr, lui coupe le souffle, remonte jusqu’à sa gorge et voudrait lui faire cracher son sang par le nez, les oreilles et les yeux. Quelle est donc cette douleur d’adulte qu’on lui inflige ? Alors reviennent les larmes, analgésique inefficace, douleur aux tempes, mal de crâne mortel, à s’en taper la tête contre les murs. Se lever, ouvrir la fenêtre et sauter, voler l’espace d’une seconde. Avancer sur un plongeoir de marbre, aucun rebond. Sentir sous ses pieds le froid de la pierre briser un à un chaque fil de nerf, chaque fibre de muscle, une fois le corps durci, une fois le cerveau proche de la transformation en un verre facile à briser, sauter, éclater son corps et son âme contre le néant.
Une eau profonde et noire, comme l’oubli.
Publié par les diablotins