Enceinte, j'étais obsédée par les mouvements et surtout par l'absence de mouvements de mes bébés. Comme j'avais la bedaine pleine et que les trois petits s'entassaient comme ils le pouvaient dans un espace de plus en plus restreint, leurs mouvements devenaient de moins en moins perceptibles au fil des semaines... et mon angoisse s'amplifiait. Il m'arrivait même de me shaker la bedaine ou de sauter sur place juste pour brasser les bébés un peu, pour les aider à se faire une p'tite place pour se dégourdir les bras et les jambes. Et là, ça se mettait à «faire la vague» dans mon ventre et j'étais soulagée. Une vraie folle!
Comme ma grossesse était à risque, j'ai rapidement eu un suivi hebdomadaire à l'hôpital incluant le monitoring foetal. Ma gynécologue, spécialisée dans les grossesses multiples, entreprenait alors de m'installer les trois moniteurs. Et l'installation s'avérait chaque plus longue et compliquée que le monitoring en soi: «Est-ce le coeur du bébé A qu'on entend? Non, c'est l'écho de celui du bébé C. Le bébé B est en dessous du bébé A aujourd'hui, ça va être difficile d'écouter ses battements cardiaques.»
Les rendez-vous étaient interminables et moi, je me sentais saucissonnée, la bedaine «strappée» par trois élastiques bien tendus. «Je vais serrer fort, il ne faut pas que ça bouge maintenant qu'on a trouvé le bébé B!»
Alors quand je suis tombée sur ce nouveau moniteur, collé comme un patch sur la bedaine, j'ai cru rêver, me rappelant tout à coup ces semaines cauchemardesques. Certes, je me serais sentie comme un robot, mais j'aurais été rassurée et je n'aurais pas eu à répéter ces longs rendez-vous semaine après semaine.
Mais, mis à part les suivis médicaux particuliers, y a-t-il des futures mères qui seraient prêtes à devenir esclaves de leur foetus au point d'être branchées à lui 24 heures sur 24?
Sans doute... Pauvres elles!