Après une première étape consacrée à la littérature de l’esclavage et de la négritude, nous ferons une seconde halte aux Etats-Unis car ce pays est si vaste et si riche en écrivains qu’il génère, chaque année, une littérature surabondante qui fait l’objet de multiples traductions dans notre langue. Pour cette deuxième séquence américaine, nous prendrons donc Russell Banks pour nous guider parmi les auteurs qui collectionnent les succès et honneurs littéraires depuis quelques années déjà et qui peuvent même rêver de la couronne du Prix Nobel à brève échéance. J’ai ainsi choisi de vous présenter « American darling », j’aurais préféré vous parler « De beaux lendemains » que j’avais préféré au précédent, mais je n’ai pas de fiche de lecture sur cet ouvrage. Et, pour compléter de ce palmarès des auteurs américains connus et reconnus internationalement, nous visiterons Joyce Carol Oates, Paul Auster et Philip Rot.
American darling de Russel Banks ( 1946 - ... )
Russel Banks se glisse dans la peau d’Hannah/Dawn/Ariane pour dérouler le fil qui relie les différents lieux où les hommes s’opposent et s’affrontent avec la plus grande bestialité. C’est un livre sur la relation entre les êtres car « …, si l’on compare les relations entre hommes et femmes aux relations entre Blancs et Noirs, ou entre handicapés et non handicapés, ou entre primates humains et primates non humains on peut établir d’utiles parallèles. » Dans ce sens le personnage créé par Banks et plus un fil conducteur qu’un personnage de femme à la probabilité trop aléatoire.
Après avoir lu « De beaux lendemains », un livre plein de finesse et de sensibilité, un oasis de fraîcheur et de sagesse au milieu d’un monde ou l’intérêt pécuniaire domine, je suis resté sur ma faim avec cette aventure américano-africaine. Dans « De beaux lendemains » Banks nous parle d’un monde qu’il connaît très bien, celui de l’Amérique du Nord-Est, alors que dans « American Darling » il s’aventure sur des chemins qui semblent lui être beaucoup plus étrangers, le monde parallèle des contestataires, l’Afrique de la fin du XX° siècle avec toutes ses tares , toutes ses extravagances, et tous ses excès,…, ce qui donne à son roman un goût de documentation puisée dans des revues spécialisées. Ca sent un peu le lieu commun, le truisme et le déjà vu, ça manque de vécu ! On ne peut s’empêcher de penser à des gens comme Moses Izegawa, Ken Saro-Wiwa ou Nega Mezlekia qui ont écrit la vie et la misère de l’Afrique avec leur sueur, leur sang et leurs tripes. L’Afrique de Banks ressemble trop à celle qu’on peut découvrir dans le National Geographic ou d’autres revues du même style et son Amérique de la marge a peut-être la couleur mais n’a pas le goût de celle des Kerouac, Shelby et autres Vonnegut, Vollmann and co.
J’ai aussi un doute sur la capacité de Banks à se conjuguer aux féminins, l’exercice n’est pas forcément facile, il y parvient assez bien seulement car il avoue : « j’en suis arrivée à penser que même l’homme le mieux intentionné, celui qui tente réellement de comprendre ce qu’éprouve une femme, demeure néanmoins incapable de savoir comment la femme ressent les relations entre hommes et femmes. »
Et tout cela dans un livre trop gros, trop touffu, rempli de redites et d’explications superflues qui rendent le récit lourd et indigeste ce qu’il confesse d’ailleurs. « Bien que je sache que vous risquez de prendre mes propos pour des foutaises spiritualistes, d’y voir une forme louche de baratin new age, je vous raconte ces choses parce que je commence à avoir confiance en votre patience, votre bienveillance et votre esprit d’ouverture. » Et, il nous en a fallu !
Amours profanes de Joyce Carol Oates ( 1938 - ... )
Dans ce roman, Oates dresse le portrait sans concession, d’un petit groupe d’universitaires qui noie son ennui et essaie d’oublier ses aigreurs et ses frustrations dans les petites mesquineries de la vie quotidienne d’une minable université américaine qui va être troublée par l’arrivée, pour un séjour prolongé, d’un grand poète anglais. Chacun essaie de s’attirer les grâces de cet éminent personnage qui n’est en fait qu’un vieillard déjà usé. Un regard ironique et impitoyable sur le monde des intellectuels qui ont perdu le contact avec les valeurs essentielles de la vie.
La musique du hasard de Paul Auster ( 1947 - ... )
Nashe a rompu avec toutes les contraintes de la vie, il a abandonné femme et enfant et se retrouve libre comme le vent pour sillonner l’Amérique. C’est alors, que le hasard dont il écoute la musique, l’amène à rencontrer des personnages qui l’entrainent dans un jeu dans lequel il s’enferme comme « Le joueur » de Dostoievski. Une réflexion sur le hasard qui peut conduire aux limites du fantastique, dans un monde où tout peut se jouer sur un seul coup qui décidera de l’avenir du héros.
Zuckerman délivré de Philip Roth ( 1933 - ... )
Zuckerman devient riche et célèbre après avoir écrit un roman à succès qui fait la part belle aux prouesses sexuelles du héros. Mais ce succès a son revers, d’aucuns lui reprochent une certaine facilité, d’autres voient en l’auteur le héros aux performances sexuelles alléchantes, d’autres encore lorgnent sur son argent. Mais, tout bascule quand les paparazzis dévoilent sa vie privée et mettent sa famille en péril. Une réflexion sur la richesse qui n’est pas forcément celle que confère l’argent.