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7.62 mm x 51 Defence Penetrator

Publié le 17 mai 2009 par Alain Hubler

Munitions RuagLe titre de ce billet est simplement le nom d’une balle suisse « Combinaison unique de précision et d´efficacité terminale. Performance universelle sur protections individuelles, blindage léger et antimatériel. Projectile sans plomb, type “Anthena” France. Pas d´usure supplémentaire du canon. »

Voilà la description que l’entreprise suisse Ruag, propriété de la Confédération, sert pour décrire sa balle sans plomb « conforme aux exigences OTAN ». Quel progrès la balle sans plomb ! Quelle avancée écologique !

Qu’il doit être doux de se faire tirer dessus par une balle écologiquement irréprochable. Vous imaginez la sensation, à nulle autre pareille, que l’on doit ressentir quand un de ces projectiles « verts » pénètre votre ventre. Le ventre, car dans la tête, on n’a pas le temps d’apprécier. Quelle satisfaction de mourir sans polluer son environnement. Quelle joie de contribuer à la sauvegarde de la planète. Vive la guerre écologique !

Si les balles de la Ruag sont respectueuses de l’environnement tout en étant d’une « efficacité terminale » – comprenez par là mortelles – redoutable, il n’en est pas de même pour les ordonnances fédérales. C’est du moins ce que dénonce le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) qui a relevé dans un récent communiqué de presse que la Ruag enfreint l’Ordonnance sur le matériel de guerre en livrant du matériel militaire à des pays « impliqué[s] dans un conflit armé interne ou international » ou « viol[ant] systématiquement et gravement les droits de l’homme ». Des pays comme Israël pour les premiers cas et l’Arabie saoudite ou l’Afrique du Sud pour les seconds.

Du côté de l’emploi, la société d’armement, qui compte 5600 employés, a licencié en début d’année 18 travailleurs à Plan-les-Ouates pour, paraît-il, en sauver 80 autres. Des licenciements qui se justifient sans doute par une année 2008 record (722 millions de ventes avec 66 pays) et un premier trimestre en progression de 18% par rapport à l’an passé !

Décidément, le respect des droits humains et des travailleurs est beaucoup plus difficile que celui de l’environnement.

Demain, histoire de camoufler ses manquements, l’entreprise fédérale nous inventera peut-être les armes « bio ». Qui sait ?

  • Crédit image : photo Ruag.

P.S. Mes remerciements vont à l’excellent Labo qui, par son dernier billet, m’a incité à écrire celui-ci.


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