Tout le monde s’épanche sur les salaires indécents des patrons de grandes sociétés, surtout celles aidées par l’Etat. On est tous d’accord.
Je m'étonne d'ailleurs qu'on ne se pose pas la question des salaires en rapport avec l’utilité sociale. Dans ce cadre, les infirmières et les pompiers gagneraient plus que les stars du foot qui ont un salaire encore plus élevé que ces fameux patrons, tout de même responsables de millions d’emplois.
Bref, l’objectif de ce petit billet est plutôt de faire prendre conscience qu’on ne peut pas faire d’amalgame entre ces « grands » patrons et les autres.
391 660 € : voilà ce que gagne le Président exécutif d’une entreprise cotée au CAC 40 en 2008. Ce montant ne tient bien sûr pas compte des stock-options, actions gratuites, parachutes dorés, retraites chapeaux, etc.
Combien pour le salaire net mensuel du dirigeant salarié d’une PME ?
La réponse est : en moyenne 4 400 €. En fait, le patron d’une PME de plus de 250 salariés touche en moyenne 15 700 € par mois. Mais le même dans une société de moins de 10 personnes n’atteint pas les 3 000 €.
Le patron d’une entreprise individuelle gagne, lui, une moyenne de 2 080 € mensuels.
En comparaison, le salaire moyen d’un cadre en France est de 3 300 €.
Dans ces deux derniers cas surtout, est-ce que ces salaires de « patrons » sont si astronomiques ?
Quand on pense aux sacrifices qu’il faut faire pour lancer une entreprise et aux risques que cela représente. Les jours et les nuits passés sur le projet (en se disant qu'une fois l'entreprise lancée on aura plus de temps, et oui on est optimiste !), la cellule familiale remise en cause (bien sympa si elle suit, mais bien dangereuse avec divorce à la clef si elle s'estime flouée), les soucis d’argent liés au financement (économies à investir, banquiers, prêts, dossiers administratifs à monter dans l'espoir d'aides), la perte de sécurité (vos salariés eux seront pris en charge si la boîte ferme, vous non)… Un vrai parcours du combattant il faut bien l'avouer.
J’ai autour de moi nombre de créateurs d’entreprise qui avouent, après coup, ne pas avoir pu se payer durant la 1re année, … parfois même plus longtemps. Et de nombreux exemples aussi d’entrepreneurs qui ont jeté l’éponge, retournant à la vie plus tranquille et mieux payée de salarié.
Alors arrêtons de diaboliser tous les patrons : les « petits » en l’occurrence, créent des emplois à la force de leur conviction et sans soutien, ni de l’Etat (qui les taxe à mort) ni du public (qui les cloue au pilori). Voilà c'était mon petit coup de gueule du lundi, ma petite réponse au "toi t'es patron, tu ne risques rien ! ! !" entendu une fois de trop. Ceci dit, bonne semaine à tous.
Sources : Insee, Proxinvest, L’Entreprise