Un quadragénaire de 200 kg qui joue avec ses caniches à la sortie d’Olten et glapit avec une voix d’enfant qui craque comme le fard sur la joue d’une momie.
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Une jeune femme devant la gare d'Olten, qui tombe de son vélo en se prenant un caillou juste devant moi. Elle pose pied et me regarde, toute rouge de honte, pas parce que ses seins ont jailli de son chemisier, mais parce qu’elle a perdu son cool. Comme je suis tout maladroit avec la Gaxuxa pleins-bagages à la fin d'une longue étape et que je souris généreusement, elle se rassure et me rend mon rictus. Ensuite elle répond à mes questions et insiste même pour me conduire à vélo jusqu’à ce café Internet que je cherche. « Come ! ». La route m'a rendu timide, je ne prononce pas les mots qu’il faudrait pour la retenir. C’est si étrange de passer de la solitude en forêt à la soudaine interaction sociale. Elle file sur son vélo rouge, emportant ses taches de rousseur et sa poitrine rosissante. Eh, con !
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Il est 20 heures, je suis fourbu, il pleut. Je voudrais une auberge de jeunesse pour dormir au sec. Je demande à la ronde et le lit le moins cher en ville est 100€. Je continue à interroger tous les types que je croise, espérant le bon samaritain. Je questionne trois jolies Suissesses à la terrasse d’un café. Elles ne savent pas, mais sont bien sympathiques. Une court chercher le serveur, qui hausse les épaules en Allemand et finit par me conseiller une ville voisine, où peut-être, il croit… c’est à 20 km, donc à trois minutes à vélo, il me dit… C’est là qu’un grand type a l’air futé s’approche, une immense chope suante à la main. Il me demande si c’est un endroit pour dormir que je cherche. Je dis oui, il sourit d'un air sympathique et je me vois déjà dans une baignoire en train de lire le journal. Il veut savoir si je peux dormir n’importe où. Bien sûr, je fais, imaginant qu’il va me proposer son grenier ou le plancher de la cave. Avec un imperceptible sourire, il me donne alors les directions pour la forêt, celle-là même d’où j'arrive, dans laquelle je viens de pédaler deux heures.
— Je sais, je dis. J’en arrive. Mais il pleut.
— Oh, il rétorque.
— Uhm… j’ajoute.
Il recule d’un pas ou deux. Il a été aussi loin que son sens de l’hospitalité pouvait l’emmener. Je dis dankeschone et tout…
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Il y a plusieurs dames qui se baladent en Suisse avec des pantalons d’exercice dont les fesses sont ornées du mot anglais « JUICY ». Faut voir.
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Les Suisses de Zurich ne sourient pas. Au Québec, on dirait qu’ils ont la baboune. Rares sont ceux qui rendent un salut ou sourient en retour à un étranger. Ça doit devenir bien long et triste, toute une vie dans cet état.
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Il semble y avoir une obsession Suisse du téton. Les pubs insistent lourdement (oui, plus encore qu'ailleurs), les dames qui voient qu’on les regarde s’empressent de vérifier leurs seins (oui, oui, toujours là), les décolletés vertigineux font la nique aux Alpes de façon généralisée… J'ai un pote état-unien qui aime dire « The USA invented tits ». Je crois qu'il y a de la concurrence. Rien n'arrêtera la Suisse laitière.
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Il coûte nettement moins cher de dormir dans un dortoir à l’auberge de jeunesse que dans un camping. Encore plus fort, les campings oublient souvent de mentionner que les douches sont payantes, branchées sur un système à pièces de monnaie, comme dans une arcade. 2 FR le 3 minutes. C’est pourtant la douche, qu’on paie, nous cyclonomades, quand on paie pour un camping. Le reste, nous l’emportons dans nos sacs. Sale affaire !
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Je ne sais toujours pas ce que c’est d’embrasser une Suissesse. Ça me désole vachement.
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Il y a beaucoup de S dans « Suissesses ». Ça évoque tous ces vallons, toutes ces courbes et ces buttes. Quand on y songe un tantine, c’est parfait. Puis quand on trace une route à deux voies bien droite au travers d’un S, on se retrouve, uhm, avec un signe de pia$$e.© Éric McComber