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J'ai habité à La Courneuve : chronique de banlieue ordinaire

Publié le 18 mai 2009 par Richard Kirsch
C'était dans les années 60 à 75 , déjà. Mon père avait achété sur plan un  appart à La Courneuve dans le 9-3.  A cette époque , c'était  comme habiter à la campagne, Il y a avait des champs , des chevaux et des potagers  . Puis la vague de béton a recouvert le tout , les barres d'HLM ont poussé comme de mauvais champignons dont la cité des 4000 .  Quatre mille logements , autrement une ville dan la ville avec ses commerces ou tout du moins des tentatives . Le bistrot du coin faisait de la résistance . Puis un jour le patron excédé par les braquages successifs a sorti son flingue de dessous le comptoir et bing, un mort. Plus de bistrot, fermeture définitive. Il y avait également un ciné à la cité des 4000 . Juste de quoi distraire une population sans histoire . Mais au ciné des 4000 , les jeunes préféraient d'autres distractions . Ils lâchaient des parpins du 24e  étage sur les bagnoles en stationnement. Fallait pas garer sa caisse n'importe où sinon tu rentras à pied . Alors le Ciné des 4000 a aussi fermé . La cité des 4000, c'était aussi Chicago. Un jour un de mes copains , un gosse de mon immeuble  a fugué. Alors tous les locataires son partis à sa recherche évidemment dans la cité. On a fouillé les caves , longtemps , longtemps  dans ce monde underground qui suintait la pisse , la drogue et la prostitution amateur . Loin de la Cité , il y avait un autre bistrot , le Narval où l'on jouait au baby avec les potes , une famille  Thaï , des blancos ,des portos, des blackos, des Arabes On pouvait rester toute une journée en consommant une bière . Ca excédait le patron , d'autant qu'on alimentait le baby avec des rondelles de 13 mm rectifiées  au tour au lycée technique.  J'y passais un bac F1 , constructions mécaniques . Un diplôme "d'ouvrier"  aujourd'hui disparu. Bref,  Il nous a  tous virés.  On était des gentils , enfin pas tous . Quelques jours plus tard, la vitrine s'est retrouvée criblée de balles d'arme automatique. Le café a fermé lui aussi . Comme quoi rien n'a changé vraiment à La Courneuve . A quelques exceptions. On masquait les cellules photo-électriques , tout le quartier se retrouvait dans le noir et on piquait des fleurs au cimétière pour la fête des mères. . La mienne habite toujours à la Courneuve. Depuis , l'immeuble est protégé par des grilles hérissées . L'an dernier , un dimanche, on déjeunait tranquille . Poum ! Après un raid dans le quartier , une voiture s'emplafonne dans un arbre sur le parking  juste en face. Ca fumait un maximum. Tout le monde aux fénêtres,  pas un coup de fil aux flics. Le Commissariat n'est qu'à deux cents mètres.  A la Courneuve, personne n'est vraiment surpris de l'animation locale. Les jeunes ont quitté la bagnole puis ils sont revenus avec un tournevis oter les plaques . Normal . Aujourd'hui , pan pan , on tire sur les flics un peu trop curieux. Les dealers sortent l'artillerie lourde . Attention Sarko l'avait dit, il va sortir le Kärcher. Ca sent toujours un peu la poudre blanche , la poudre à canon scié .Ca passera ou ça passera pas . Dans deux mois la plage revient à La Courneuve. Les familles de toutes les couleurs viendront pique-niquer et les gamins se baigner sous les fenêtres de la mama. Du hip hop, des merguez, un peu de chaleur et de rires . Comme une lueur d'espoir éphèmère qui passe sur une banlieue ordinaire.

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