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Hiatus, jazz et introspection

Publié le 17 mai 2009 par R0udy

Cela fait trois semaines que je n'ai rien écrit, pour diverses raisons. D'abord personnelles, par paresse ensuite. J'ai écouté énormément de musique, aussi, bien plus que d'habitude. Enfin, en y prêtant plus d'attention. Les raisons personnelles étaient des problèmes d'ordre, disons, administratif. Complexes donc, et déterminants de surcroit. J'ai eu à modifier mon état d'esprit pour les résoudre, de manière à ce que je paraisse différent de ce que je suis, et ai donc (notamment) imbibé mon coeur de musique et plus particulièrement de jazz (et de post-punk, mais c'est quand même autre chose), un genre auquel je suis en train de m'attacher énormément.

Je ne sais pas pourquoi j'écris ça mais le fais sur fond de prise alternative des Flamenco Sketches de Kind of Blue. Puisque c'est sa spontanéité qui fait la beauté de cet album, je vais également laisser mes mots se poser un à un.

Ces démarches ont nécessité de parcourir énormément de kilomètres, autant de trajets propices à songer à l'avenir, à ce que j'entreprendrai une fois passées ces formalités. Depuis le jour où Fingerprints a ouvert j'ai connu pas mal d'évolutions dans mes intérêts et probablement dans ma personnalité. L'art est devenu l'une de mes plus importantes passions ; là où mes premières colonnes rapportaient brièvement les compositions d'infographistes trouvés au hasard d'autres blogs, mes plus récentes se sont allongées, se sont enrichies, et surtout ont tenté de se consacrer à des esprits plus importants, à des visions plus larges. Comme vous le savez sans doute j'étudie l'informatique ; je n'aime pas ça. C'est un métier cartésien, retors et sans âme. Ses apprentis résolvent les mêmes problèmes dans les mêmes salles, alignés, d'où émanent inlassablement les mêmes drones de cliquetis de claviers ; puis ils obtiennent tous les mêmes notes et travaillent probablement dans les mêmes entreprises enfin, c'est un théatre assez singulier. Ce qui est également étrange c'est que je m'y suis posé en spectateur, que j'observe toujours cette routine d'un oeil différent, tantôt amusé, tantôt désolé. Lorsque j'étudiais encore je prenais souvent des pauses, que parfois je consacrais à la maintenance du blog ou à écrire des articles. Sur l'art.

Et lorsqu'on pense ça dans un bus en direction de l'avenir, on se dit que l'on ne se trouve pas à sa place.

Cette passion pour l'expression détournée est dévorante. Plus j'en connais, plus je veux en connaître et en pratiquer. J'étais censé hier rédiger une pièce sur Louise Bourgeois, une visionnaire aujourd'hui âgée de 96 ans née en France puis partie résider à New York à 26 ans. Oh, l'article arrivera, simplement avec un peu de retard. Si je l'introduis ici c'est parce que cette femme a un jour dit que “l'art [était] une garantie de santé mentale.” Je suis persuadé que c'est vrai. Lorsque, assis vers le fond de la ligne 400 j'écoutais les Meditations de Coltrane en entier pour la première fois, j'étais sidéré. Un enregistrement tellement puissant et flamboyant qu'il n'existe pas de mot pour le décrire. C'est comme assister à la consummation d'un esprit, écouter une forme d'expression ultime et surhumaine.

Ca fait deux fois que j'écris “expression”.

Un peu comme quand Hitchcock parlait à travers Vertigo, ou quand J Dilla offrait son âme à travers ses Donuts. Ca transcendait l'opinion, il n'y avait rien à commenter réellement. Et c'est une des choses que j'aimerais faire dans la vie. Pas coder des interfaces de gestion de budget ou des batailles spatiales jetables en deux dimensions. J'ai donc décidé d'arrêter mes études et d'attendre l'ouverture des inscriptions pour la prochaine rentrée afin d'obtenir une place à l'école d'art de Jérusalem. J'ai d'ailleurs pensé à Six Feet Under, me trouvant un peu dans la même situation que Claire qui quittait sa routine pour les musées et l'accomplissement personnel.

Le premier morceau que j'ai écouté en sortant du bureau où j'ai réglé mes obligations c'était Touch the Sky de Kanye West.

Il me semble avoir tout dit, ou plutôt je ne sais pas quoi ajouter. A la relecture, il y a beaucoup de “je.”


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