À supposer qu'il y ait un Dieu juste, on se demande pourquoi, tout dépendant de sa volonté, il n'est pas clair, mais ténébreux dans sa providence.
Au lieu d'avoir fait de la Mort une horrible décomposition qui nous frappe de stupeur et ne laisse d'espoir qu'aux naïfs ou aux illuminés, n'aurait-il pu donner comme base à la morale un sublime changement à vue d'un être d'une espèce en un autre d'une espèce différente, tantôt par progression de l'inférieur au supérieur, tantôt par régression du supérieur à l'inférieur ?
N'aurait-il pu généraliser, en le corrigeant et le perpétuant, ce qu'il a institué pour la chenille et le papillon ; transformer, par exemple, sous nos yeux un vieux chien en un petit enfant, et un vieillard en un éphèbe angélique, franchissant la planète-terre pour s'élever vers une autre d'essence meilleure?
Alors la loi du transformisme eût été le développement de la conscience et non la suprématie de la force... Mais quelle prétention ridicule d'en vouloir remontrer à la Nature !
Edmond Thiaudière (La Proie du Néant (Notes d'un pessimiste)