RESTE AVEC NOUS PETITE SOEUR !
Quelle émotion en rouvrant les pages de ce livre qui m'avait tant marquée dans mon enfance et que j'ai dû lire au moins 20 fois à l'époque!
Aïno est une petite Finlandaise de 6 ans que ses parents ont confiée à une famille suédoise pendant la guerre (le livre a été écrit en 1947) alors qu'elle n'avait que 2 ans. En Suède, elle grandit dans un environnement aisé et mène une vie de petite princesse, chérie par ses parents adoptifs. Elle n'y manque de rien en terme matériel et affectif, et, avec le temps, oublie sa famille en Finlande.
A la fin de la guerre, Aïno doit pourtant retourner en Finlande pour retrouver les siens. Si ces derniers sont surexcités par ces retrouvailles, Aïno ne comprend pas qu'elle doive vivre avec ces gens qui lui sont complètement étrangers. Elle ne reconnaît pas ses parents, ni ses frères et soeurs, elle ne comprend pas leur langue, leur vie n'a rien du faste qu'elle a connu en Suède, ce sont des villageois qui ont connu les privations de la guerre et qui suent quotidiennement dans leur ferme pour reconstruire leur vie.
Que de dépaysement pour Aïno qui ne se sent aucune affinité avec ces inconnus malgré l'affection qu'ils lui manifestent, et qui, à travers une correspondance régulière, implore sa mère adoptive suédoise de venir la chercher. Que de déchirement pour la mère d'Aïno qui se sent impuissante face aux souffrances de sa fille. A tel point qu'elle finit par accepter l'adoption définitive de sa fille par la famille suédoise.
Entretemps, cependant, les liens ont fini par se tisser entre Aïno et sa famille, et petit à petit, elle prend goût à sa nouvelle vie dans son village natal, si bien que quand sa mère adoptive vient finalement la chercher, Aïno ne sait plus à quelle mère ni à quel pays se vouer!
Superbe histoire, forte en émotions, terrible, terrible! C'est un récit d'une grande richesse thématique et d'un réalisme impressionnant, la psychologie des personnages est finement exposée, de la mère adoptive à la mère d'Aïno, deux femmes qui n'ont rien d'autre en commun que leur amour pour Aïno (leur confrontation finale est vraiment déchirante!), en passant par les frères et soeurs qui souffrent aussi de la situation, au père d'Aïno, en retrait mais non moins affecté, et Aïno elle-même, dont on ressent tout le désarroi.
J'ai adoré relire les chapitres où elle commence à s'adapter petit à petit à son nouvel environnement, à comprendre le finnois, à vouloir communiquer et se mêler aux autres, c'était déjà un de mes passages préférés à l'époque, ainsi que la fin, aaah cette fin, bouleversante, terrible, terrible!
J'ai noté qu'il y avait énormément d'humour aussi dans ce livre, j'avais complètement oublié cet aspect de l'histoire, ça m'a presque surprise, avec le frère, Pentti, en particulier, quel phénomène alors celui-là! Plein de "sisu", l'ardeur passionné des Finlandais! (vi parce qu'on en apprend beaucoup sur la culture finlandaise aussi à travers ce roman)
Ah! Et puis ces illustrations typiques de la collection Rouge et Or, c'était quelque chose!
A l'époque, cette histoire m'avait laissé une empreinte vraiment forte - jusqu'à me hanter aujourd'hui (à tel point qu'on a dû me l'offrir pour mon anniversaire l'année dernière car je soûlais mon entourage avec
(bon, enfin, j'ai dit que je n'étais pas AUSSI bouleversifiée qu'à l'époque mais ça m'a quand même bouleversifiée (mais moins donc) (juste pour être claire)
)Quel dommage que ce livre soit aujourd'hui épuisé car je ne manque pas de m'épater du fait qu'il ne se passe pas un jour sans qu'une personne n'ait recherché ce titre sur le net et soit tombée sur mon blog par la même occasion.
Forcément des nostalgiques comme moi! Ouhou! Coucou!
Après La petite fille au kimono rouge, il ne me reste plus qu'à compléter mon tour de mes lectures jeunesse les plus marquantes par un détour vers L'histoire d'Helen Keller, et après je serai en paix.
L'auteur
Où je découvre - après de vaines recherches sur le net qui ne répertorie aucune biographie de l'auteur en français, - qu'Aili Konttinen a été assassiné en 1969, frappé de coups de pied et étranglé par un jeune homme de 19 ans par pure vengeance! Ce dernier aurait été son élève et ne lui aurait jamais pardonné le fait de l'avoir obligé à mangé à la cantine scolaire et de lui avoir mal appris à lire.
Bon ceci est basé sur une assez mauvaise traduction d'un article de Wikipedia en finnois, il est donc tout à fait possible que j'ai mal compris l'affaire, retenons donc plutôt que Aili Konttinen (1906-1969) était un professeur et écrivain finlandais, et que ses livres, traduits dans plusieurs pays, ont joui d'une grande popularité.
posté le 05 janvier à 13:56
je venais de parler de ce livre avec une amie qui cherchant un commentaire sur le net est arrivée sur votre Blog. Aprés avoir lu votre commentaire, elle m'a déclaré :"... on dirait que c'est toi qui a écrit cela...." exactement ce que j'aurai voulu écrire!!! Ajoutez moi à cette liste des nostalgiques de "Reste avec nous petite soeur".