La Turquie réclame donc une indemnisation à l'écrivain pour des propos tenus en février 2005 dans un magazine suisse : au cours d'une interview, il annonce que « 30.000 Kurdes et un million d'Arméniens ont été tués sur le territoire et personne sauf moi, n'ose en parler ». Immédiatement, le pays avait invoqué l'article 301 du Code pénal et jugé Orhan pour dénigrement public de l'identité turque.
Cette semaine, les journaux turcs rapportent que six personnes ont porté plainte contre l'auteur de Mon nom est rouge, qui aurait tout simplement insulté le pays, arguant même de dommages corporels. Une plainte que les tribunaux ont par deux fois renvoyée dans les roses, mais que la plus haute cour d'appel a cette semaine accepté de juger.
Une situation qui ne sert que les intérêts des nationalistes, lesquels profitent de cette occasion pour dénigrer l'auteur sans même réellement chercher la condamnation d'Orhan. L'objectif reste de faire parler d'eux. Et ça marche, on est tombé dans le panneau...
« Je crois comprendre que je pourrais être jugé de nouveau, mais rien n'est certain. De toute façon, je n'ai pas aucune appréhension », explique-t-il. Le fait qu'Orhan soit condamné paraît même très peu probable : pour le PEN, cette action n'est qu'une démonstration supplémentaire du panel juridique à la disposition des nationalistes qui puisent largement dans l'arsenal des lois liberticides du pays pour faire valoir leur cause. Et si elles aboutissent rarement, elles servent en revanche à leur cause ultérieurement.
Le cas de Nedim Gürsel, actuellement jugé lui aussi en Turquie présente un autre exemple de cette situation légale contre laquelle le PEN se bat depuis des années.